Vérité - L'Algérien a le sens de l'humour, c'est une évidence ; le cinéma en est une preuve certaine. Le cinéma algérien a toujours porté l'humour à travers diverses situations comiques campées par d'illustres personnes, tels le célèbre et magnifique El-Hadj Abderrahmane, dit «l'inspecteur Tahar», ou son ami dans la vie et son collègue à l'écran, à savoir le drôle et l'attachant Yahia Ben Mebrouk, alias «l'apprenti» ; il y avait aussi la renommée, l'inégalée et la charismatique Ouardia, le grand et l'incomparable Rouiched, l'exceptionnel et le remarquable Othmane Alliouat, l'hilarant et l'inoubliable Hassan El-Hassani, connu sous le nom de Boubagra... pour ne citer que ceux-là. Tous étaient particuliers, uniques dans leur genre. A chaque fois, à chaque performance, ils se surpassaient ; ils étaient attachants et, aujourd'hui encore, en revoyant leurs performances dans les films devenus cultes, une référence indéniable, ils continuent de nous faire rire. Ils sont intemporels, transcendant les générations. «Ils étaient doués, intelligents, talentueux. Même à présent, quand on regarde les films qu'ils ont tournés, on rit encore, et même la génération actuelle qui ne les a pas connus et qui n'a pas partagé leur environnement socioculturel, donc qui n'a pas vécu les mêmes situations qu'eux, rit tout en appréciant les à leur juste valeur», dira Rym Takoucht, comédienne et actrice. «Leur humour, leur jeu sont vraiment appréciés de tous. Même le public émirati, lorsque, par exemple, le film ‘Les vacances de l'inspecteur Tahar' a été projeté, a beaucoup ri», reprend-elle. Si le cinéma algérien savait autrefois faire rire le public, qu'en est-il aujourd'hui ? «Nos films, quand il s'agit de «comédie», ne font plus rire ; ils sont dénués d'humour», déplore Rym Takoucht, et de renchérir : «L'humour, tel qu'il est porté à l'écran par la nouvelle génération, dénote malheureusement une certaine médiocrité ; on fait rire juste pour faire rire ; cela est devenu un humour niais ; ça manque réellement de caractère, de profondeur et, surtout, de naturel.» Par ailleurs, Rym Takoucht regrette que le public s'esclaffe devant ce genre d'humour, l'applaudit, un humour qu'elle qualifie de simplet, un humour qui manque d'intelligence et qui est abrutissant. «On n'est plus dans la qualité, on est beaucoup plus dans la quantité», se désole-t-elle, et de poursuivre : «En outre, tout le monde, je parle de la plupart des comédiens, veulent faire de l'humour, tout en sachant que faire rire, donc créer des situations comiques, se révèle un exercice de style bien difficile. Ce n'est pas donné à tous d'avoir de l'humour, de faire rire. Il faut avoir les qualités, le charisme pour cela. Or nos comédiens, pour la plupart, en sont malheureusement dépourvus.» - En regardant les films (sketchs, sitcoms, longs-métrages...), on peut constater en effet que l'humour algérien, tel que représenté par la nouvelle génération de comédiens, ne fait pas rire ; c'est devenu insipide, stupide, creux et, en termes familiers, «un fatras d'imbécillités». Si tous ces comédiens n'arrivent pas, par leur humour, à faire réellement rire, c'est parce que, d'une part, ils n'ont pas le talent et, d'autre part, ils manquent de naturel. «Les acteurs et actrices de l'ancienne génération étaient naturels, spontanés ; leur jeu était évident, tandis que ceux d'aujourd'hui, ne le sont pas ; ils manquent de sincérité et de sens de l'improvisation ; leur jeu est artificiel ; ils se forcent à vouloir faire rire jusqu'à l'exagération, donc jusqu'à tomber dans le ridicule ; ils n'ont, pour ainsi dire, ni le talent ni la touche personnelle», dira Rym Takoucht qui pense que l'Algérien ne rit pas suffisamment et pourtant il a besoin de rire pour se défouler. Elle regrette, par ailleurs, que les occasions de rire se font rares.