Défi - La ferme-pilote Richi-Abdelmadjid,située dans la commune Belkheir (Guelma) s'apprête à entamer, sur plus de 500 hectares, sa campagne moissons-battage pour une saison qui pourrait être «la meilleure après plusieurs années de difficultés», affirment ses responsables. Les préparatifs de la campagne moissons-battage sont activement menés par l'administration de l'exploitation et les travailleurs qui font montre d'un bel esprit de solidarité et d'un souci commun de préserver l'intérêt de la ferme qui vient de faire l'acquisition de deux nouveaux tracteurs, de deux moissonneuses-batteuses et d'autres petits engins agricoles, a-t-on constaté sur les lieux. Cette campagne constituera pour cette ferme de statut public un «tournant déterminant» en vue d'un retour à l'équilibre financier, selon son directeur, Brahim Boucetta, qui souligne que l'itinéraire technique de la céréaliculture a été «minutieusement respecté», depuis les labours-semailles, à l'irrigation d'appoint en passant par la fertilisation et la lutte contre les mauvaises herbes. Les résultats escomptés devront être «très performants» pour amorcer sereinement la sortie de cette exploitation de 1 030 hectares de la zone trouble, affirme M. Boucetta pour qui «le rétablissement de la confiance entre l'administration et les travailleurs, l'esprit de solidarité partagé par tous et l'adhésion collective à l'objectif de relance» font de cette ambition «un but à portée de main». Les travailleurs affichent aujourd'hui un moral d'acier, notamment après le règlement d'une multitude de problèmes administratifs et financiers vis-à-vis des impôts, de la caisse de sécurité sociale, des banques et des fournisseurs, grâce au soutien accordé par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, estimé à 54 millions de dinars. A cela s'ajoutent la réactualisation de la convention collective de la ferme, permettant à chaque travailleur d'obtenir une augmentation de salaire de plus de 10 000 dinars, ainsi que la reprise des activités du fonds des œuvres sociales. La première phase de cette «renaissance» de la ferme consistait à «relever le défi d'exploiter toutes les terres non cultivées jusque-là ou louées à des particuliers dans des conditions ‘'pas très claires''», ajoute le même responsable, soulignant qu'en plus des superficies réservées au blé, 35 hectares ont été consacrés aux aliments de bétail, 20 hectares aux pois chiches, 15 hectares à la tomate et 3 hectares à la pomme de terre, tandis qu'une partie des terres a été exploitée au titre de partenariats avec des particuliers, «en conformité avec la loi». Créée en 1982, la ferme Richi avait été secouée, au cours des dernières années, par des litiges de travail marqués par des grèves illimitées, des grèves de la faim et des appels au ministre de tutelle et au holding gérant les fermes-pilotes pour dépêcher des commissions d'enquête. Ces conflits ont été même portés devant la justice. Entre-temps, les ressources et les richesses de la ferme «dépérissaient», rappellent des cadres et des travailleurs. Les conséquences de ces turbulences restent encore visibles à travers des étables et des infrastructures inutilisées, a-t-on constaté lors d'une visite dans cette exploitation en compagnie de travailleurs et de l'actuel directeur, le 6e depuis 1982 et le 3e en moins de cinq ans.