Ironie - Alors que l'équipage sait désormais qu'ils vivent leurs dernières heures, cette deuxième explosion sera fatale pour ce mastodonte des mers qu'est le «Koursk»... Les stations de mesure sismique d'Europe du Nord montrent que cette explosion intervient au niveau du fond marin, ce qui tendrait à prouver que le sous-marin a alors heurté le fond, ce choc additionné à la hausse de température engendrée par la première explosion a déclenché l'explosion de plusieurs torpilles. Cette seconde explosion a une puissance équivalente de 3 à 7 tonnes de TNT, ou une demi-douzaine de têtes de torpilles ; les mesures montrent une magnitude sismique de 3,5. La coque, prévue pour résister à des pressions de 1000 m de profondeur, est éventrée sur une surface de 2 m2 ; l'explosion ouvre également des voies d'eau vers les troisième et quatrième compartiments. L'eau s'y engouffre à 90 000 litres par seconde, tuant tous les occupants de ces compartiments, dont cinq officiers. Le cinquième compartiment contient les deux réacteurs nucléaires du sous-marin, et il est protégé par une paroi de 13 cm d'alliage de titane ; les cloisons résistent. Les barres commandant les réacteurs restent donc en place. Les 118 hommes d'équipage embarqués à bord perdront la vie. «Qui pouvait imaginer qu'une telle catastrophe pouvait toucher ce bijou de technologie ?», commentait un expert des questions militaires, quelques heures à peine après ce désastre. D'une longueur de 154 mètres, et d'une hauteur de quatre étages, il avait un déplacement de 13 500 tonnes. C'était un sous-marin à propulsion nucléaire, équipé de deux réacteurs à eau pressurisée de type - 650. Le bâtiment disposait d'une double coque : la coque externe, faite d'acier enrichi en nickel et en chrome. Il était divisé en neuf compartiments, le dernier étant un «compartiment-refuge». Ses deux réacteurs nucléaires lui assuraient une vitesse de pointe de 32 nœuds en plongée, et il pouvait évoluer jusqu'à 300 m de profondeur. Redevenu le fer de lance de la flotte russe du Nord après une décennie de coupes budgétaires, le «Koursk» s'est distingué lors d'une mission de surveillance de la «Sixième flotte américaine avec succès en mer Méditerranée durant l'été 1999 pendant la guerre du Kosovo. Pourtant en cet été 2000, le «Koursk» ne refera plus jamais surface. Il est, aujourd'hui encore, sur une zone peu profonde de la mer de Barents, à 108 m de profondeur. Une profondeur si faible que, comme le souligne Jean-Michel Carré, «si l'on avait fait basculer le Koursk verticalement, les 50 m de l'arrière auraient été hors de l'eau et les marins qui s'y étaient réfugiés, auraient pu en sortir... Lire demain : «La lente agonie de l'équipage du ‘'Koursk''»