Histoire Au village du Congrès de la Soummam, existent encore des cités de recasement datant de la période coloniale. De 1958 à ce jour, des centaines de familles vivent dans des cités de recasement construites durant la colonisation. Elles servaient à accueillir la population des villages avoisinants, rasés par l?armée française durant l?opération Jumelles en signe de représailles après la tenue du congrès de la Soummam dans la région. Le calvaire dure depuis 45 ans. Pour y mettre fin, l?association des cités des sinistrés d?Ouzellaguen ne cesse d?interpeller les hautes autorités du pays. L?objectif de cette association est l?éradication de ces cités. Il faut dire que la commune d?Ouzellaguen n?a bénéficié que de quelques centaines de logements depuis l?indépendance. Aujourd?hui, des centaines de familles vivent encore dans des bidonvilles avec des problèmes de transport, de chômage, de scolarisation et les risques de maladies. Selon les chiffres de l?APC, à la cité de l?ex-Camp (appelée aujourd?hui Cité Chouhada), 69 familles continuent de souffrir depuis 1958. Aucun logement n?a été démoli ; cette cité compte 352 habitants. A la cité Si-Nacer, en revanche, 204 logements précaires ont été démolis, mais 266 familles continuent d?y vivoter, soit une population de 1 900 habitants. A l?indépendance, les deux cités de recasement n?ont pas été démolies, bien au contraire, elles ont vu «la naissance» de deux autres cités de même type : la Cité Si-Lakhdar en 1962 et la Cité Hellouane en 1964. La Cité Si-Lakhdar compte 40 logements et 204 habitants et la Cité Hellouane 78 logements pour 889 habitants. «Ce qu?il faudrait pour Ouzellaguen, c?est un véritable plan d?urgence. Pourtant, plusieurs ministres et chefs de gouvernement sont déjà passés par là. Que sont devenues leurs promesses ? On se rappelle Ouzellaguen seulement le temps d?une journée commémorative, le 20 Août. A cette occasion, on embellit la ville pour cacher les véritables problèmes et la misère du peuple», s?indigne un citoyen. Ces jours-ci, une commission conjointe APC d?Ouzellaguen et association des cités de sinistrés a vu le jour ; elle est présidée par Makhlouf Kemiche. Cette commission ad hoc est chargée du dossier de l?éradication des cités de recasés. Selon Hamid Medjkoun, vice-président de l?actuelle APC d?Ouzellaguen, «l?APC va trouver la meilleure solution pour éradiquer les cités de recasés. Si nous trouvons l?aide des pouvoirs publics, nous appliquerons la formule suivante pour reloger nos sinistrés : contribution financière de la CNL, participation financière du citoyen, soutien financier de l?APW et de la wilaya. Ces logements seront cessibles. Nous comptons également sur l?aide du Fonds national pour la solidarité». Rabah Aït-Aïssa, président de l?association des sinistrés d?Ouzellaguen, est révolté : «Tout le monde est au courant de notre problème, même le président de la République. Il faut éradiquer ces cités, il faut éradiquer ce symbole français dans la ville du Congrès de la Soummam.» Les recasés d?Ouzellaguen veulent goûter à l?indépendance et mener une vie décente. Ils lancent un cri de détresse et attendent une délivrance.