Mesure - Il y a plus de trois mois, le ministère des Transports avait décidé d'introduire des hausses sur les tarifs du transport en commun des voyageurs, tout en «sommant» les transporteurs d'apporter des améliorations dans les prestations fournies aux usagers. Un ultimatum a été même fixé à ces derniers, qui devaient rénover leurs véhicules avant le mois de juin en cours. Par ailleurs, les services de contrôle étaient tenus de veiller à l'application de ces mesures visant à mettre des centaines de milliers d'Algériens à l'abri du diktat qui leur est imposé, quotidiennement, par des propriétaires de bus qui ne se soucient que du gain qu'ils vont en tirer. La notion de service public a, en effet, souvent été ignorée par ces «commerçants» qui entassent les voyageurs comme des sardines dans des bus vétustes ne répondant à aucune norme d'hygiène et de sécurité. Certes, la décision d'augmenter les tarifs a déplu aux usagers qui se sont, cependant, «consolés» au vu des nouvelles conditions imposées aux transporteurs. Malheureusement, ces derniers perpétuent les anciennes habitudes et rien n'a changé dans le sens des obligations imposées en matière d'amélioration des prestations fournies. Même les horaires de départ des bus ne sont toujours pas respectés et l'usager se voit obligé d'attendre jusqu'à ce que le bus soit plein pour quitter la station, et ces retards lui sont préjudiciables. «On ne comprend rien à l'attitude du ministère des Transports ! Les prix sont passés du simple au double sans aucune incidence sur la qualité du service. Vous voyez, on se déplace dans des bus de plus de vingt ans, c'est simplement de la ferraille qui roule. Il n'y a même pas de sièges pour s'asseoir. C'est navrant...», s'indignent des citoyens croisés à la station de la place des Martyrs à Alger. «Démarrez s'il vous plaît, nous avons tous des rendez-vous. Voulez-vous faire de ce bus un bateau ou un train ? Cela fait près d'une demi-heure qu'on attend ici, c'est trop !», lancent certains voyageurs, en direction du receveur. «Patientez un peu, on va démarrer dans un instant», leur répond ce dernier, sur un ton méprisant. Face à l'insistance des voyageurs, il n'a trouvé meilleure réponse que «celui qui n'est pas content, n'a qu'à prendre un taxi». Cette scène se répète quotidiennement dans les différentes stations de bus à Alger, comme dans les autres villes du pays, où les transporteurs font la pluie et le beau temps. Depuis quelques semaines, ces derniers gagnent beaucoup plus d'argent qu'auparavant, mais ils n'ont rien changé à leur comportement méprisant à l'égard des voyageurs. Trop de laxisme L'expression «Reculez en arrière», très prisée par les receveurs de bus pour appeler les voyageurs à «laisser un peu d'espace aux autres», n'a toujours pas disparu. Bien au contraire, les conditions de déplacement sont devenues plus pénibles qu'avant, car l'application des nouveaux tarifs a, semble-t-il, stimulé l'avidité des transporteurs. C'est ainsi que le pouvoir d'achat des simples citoyens a pris un autre coup dur, et pour cause, le budget réservé au transport enregistre une hausse sensible. «C'est le pauvre citoyen qui paye souvent la facture. Personne ne se soucie de notre souffrance. Les pouvoirs publics devraient prendre en considération notre intérêt dans toutes les décisions qu'ils prennent. Jusqu'à quand continuerons-nous à nous bagarrer avec les transporteurs ? Où sont ces services de contrôle ? Pourquoi ce laxisme dans la mise en application de toutes les mesures favorables à l'amélioration de notre quotidien ?», s'interrogent nos interlocuteurs.