Mordechaï Vanunu, «l'espion nucléaire» israélien, qui vient d'être libéré après 18 années de détention, relate ses conditions d'existence en prison et explique comment il a été enlevé par le Mossad, dans une interview publiée aujourd?hui dimanche par le Sunday Times. Ancien technicien à la centrale nucléaire de Dimona dans le sud d'Israël, M. Vanunu, qui est âgé de 50 ans, avait été emprisonné pour avoir révélé au journal dominical britannique Sunday Times l'existence du programme nucléaire secret de l'Etat hébreu. «Vous oubliez votre passé, a-t-il déclaré dans l'interview. Votre cerveau se vide de toutes les images du passé. Regarder seulement les murs de la cellule tous les jours peut endommager votre cerveau.» Pour la première fois, il évoque au Sunday Times comment il a succombé à «Cindy», en fait un agent du Mossad, le service israélien extérieur de sécurité, qui l'a entraîné dans un guet-apens amoureux en 1986 à Rome. «C'était une très jolie femme, Américaine, pas mal du tout, ni grande ni petite, blonde», a déclaré Mordechaï Vanunu. Il a expliqué qu'il avait remarqué la jeune femme qui traversait une rue de Londres et lui avait alors adressé la parole lui demandant : «Qui êtes-vous, qu'est-ce que vous faites ?» «Et on a commencé à parler.» «Elle était agréable, affectueuse me couvrant sans cesse de baisers», a-t-il poursuivi. Selon le Sunday Times, Cindy a persuadé Mordechaï de prendre quelques jours de vacances à Rome où il est tombé dans un piège tendu par le Mossad, drogué et évacué vers Israël. Vanunu a été débarqué clandestinement sur une plage, attaché sur un brancard et emmené à la prison d'Ashkalon (sud d'Israël), où il devait rester 18 ans jusqu'au 21 avril, date de sa libération. Selon le journal, Vanunu a été confiné seul dans sa cellule pendant les deux tiers de sa détention. «Je n'ai pu parler à personne, aussi ai-je décidé de prendre l'habitude de lire la Bible à haute voix ainsi que de prier à haute voix», a indiqué Vanunu. «Pour survivre, j'ai décidé d'être sur le qui-vive 24 heures sur 24 pour ne pas être psychologiquement détruit.»