Pacifiste pour certains, traître pour d'autres, Mordechaï Vanunu n'a pas fini de défrayer la chronique. Simple technicien au départ, cet Israélien deviendra un symbole de l'antinucléaire. A 22 ans, Mordechaï est engagé comme technicien à la centrale nucléaire de Dimona. Il y travaillera neuf ans, de 1976 à 1985. Affecté à l'unité Machon 2, il était alors chargé du retraitement du combustible nucléaire usagé, une tâche subalterne. Mais sa position lui permettait d'avoir une idée sur la production de plutonium. Cette dernière, selon Vanunu, devait atteindre les 40 kg par an. Cette constatation le met sur une piste : la centrale de Dimona produisait des armes nucléaires. En 1985, Mordechaï Vanunu sera « compressé ». Guitare sous le bras, il décide de faire le tour du monde. C'est en Australie, lors d'un séjour à Sidney, que sa vie prend une nouvelle tournure. Accueilli à bras ouverts par le révérend John Mc Knight de l'église anglicane, deux mois après son arrivée, Vanunu se convertit à la religion de son hôte. Pour beaucoup de ses opposants, cette conversion symbolisait le premier pas vers « la trahison ». Vanunu va finalement décider de faire éclater la vérité. Il s'adresse au Sunday Times. Suite à ses révélations importantes, la direction du Sunday Times l'appelle à Londres pour vérifier l'authenticité de ses propos. Seulement voilà, le Mossad, sentant venir le coup, le piste et se lance sur ses traces. Son rendez-vous à Londres sera pour les espions israéliens l'occasion rêvée de le piéger. A l'image d'un film d'espionnage hollywoodien. Mordechaï Vanunu va succomber, sans le savoir, au charme d'une espionne. Le plan de Cindy Hanin était de l'attirer loin de Londres. Femme fatale, elle invitera Mordechaï Vanunu à Rome. On est un 30 septembre 1986, l'Israélien le plus recherché du monde quitte Londres de son plein gré. Il ne le sait pas encore : il n'est pas au bout de ses peines. Avant d'être expédié clandestinement par bateau en Israël, Vanunu passera son premier mois de détention dans la prison de Gardera et sera soumis aux interrogatoires du Shin Bet (police secrète de l'Etat hébreu). Apparemment ménagé, Vanunu sera transféré à la prison d'Ashkelon sous le nom de David Anoush. Il y est détenu dans une cellule minuscule sans fenêtre, 22 heures sur 24 avec éclairage continu et caméra de surveillance. Il aura fallu attendre le 9 octobre 1986 pour que le gouvernement israélien finisse par reconnaître l'incarcération de Vanunu. Ce dernier parviendra à communiquer, lors de sa deuxième comparution du 22 décembre 1986, un message inscrit sur la paume de sa main, plaquée sur la vitre de la voiture de police qui le transporte : « J'ai été kidnappé à Rome le 30 septembre 1986. » Lors de son jugement, Vanunu clame haut et fort que ses révélations étaient faites dans un but pacifique. La sécurité de la région allait, selon lui, au-delà du secret défense. Mais la cour du district de Jérusalem rejeta tous les arguments de Mordechaï Vanunu. Ce simple technicien sera condamné à une peine d'emprisonnement de 18 ans avec mise au secret à la prison d'Ashkelon. Il sera libéré le 21 avril 2004. Mais craignant de nouvelles divulgations de secrets d'Etat, les autorités israéliennes lui ont interdit de quitter son pays pendant au moins un an et ont limité ses contacts avec les étrangers.