Représailles - Après avoir désigné la communauté noire comme le bouc émissaire de la semaine sanglante que venaient de vivre les Etats-Unis, les tensions raciales ont vite fait de refaire surface... Ainsi, quatre jours après la répression de la mutinerie de la prison d'Attica, un collectif américain de la gauche radicale, se présentant comme anti-impérialiste et antiraciste, fondé en 1969 à Chicago et dénommé «Weather Underground» organise un attentat contre la direction de l'administration pénitentiaire d'Albany en représailles, avertissant de celui-ci à l'avance afin d'éviter toute victime. Cette organisation, était alors classée par le Fédéral Bureau of Investigation (FBI) comme organisation terroriste et définie plus particulièrement par certains auteurs comme ayant pratiqué la «guérilla urbaine», le Weather Underground pratiquait essentiellement la «propagande par le fait» (il utilisait le terme de «propagande armée» par contraste avec la «lutte armée»). En effet, il fut responsable d'une vingtaine d'attentats à la bombe, qui n'ont cependant fait aucune victime. Les Weathermen visaient exclusivement des bâtiments officiels, plus ou moins liés à la guerre du Vietnam, s'assurant que les locaux étaient vides, et ce afin d'attirer l'attention de l'opinion publique sur les liens entre, par exemple, certains centres de recherche universitaire et le complexe militaro-industriel américain, et afin d'alléger le poids de la répression étatique sur d'autres mouvements comme les Black Panthers ou l'American Indian Movement, dont ils revendiquaient la légitimité de la lutte. Son but, selon les témoignages de ses membres, n'était pas de prendre le pouvoir, objectif qu'il considérait irréalisable, mais de susciter une «culture de la résistance» et de montrer par l'action directe la solidarité des Américains blancs avec les luttes des mouvements de libération nationale à l'extérieur et avec les luttes des mouvements des droits civiques et du Black Power à l'intérieur. Vingt-sept ans après la mutinerie, l'Etat de New York a bénéficié d'un non-lieu dans un procès avec les familles des détenus tués et à l'automne 2004, 12 millions de dollars d'indemnisation ont finalement été attribués par l'Etat aux familles des gardiens de prison décédés. L'avocat Michael Deutsch fit partie des défenseurs des plaignants ; public interest lawyer of the year en 2003, il défend également les cibles (appartenant à des milieux de gauche et pacifistes) d'une enquête du FBI menée en 2011. Lire demain : «A l'origine de la mutinerie...»