Résumé de la 55e partie - Marcelle est retournée à l'Institut pour retirer son dossier médical des archives... Entre médecins, le secret professionnel ne joue pas... Mais maintenant que mon dossier a disparu des archives, il ne reste plus aucune trace, aucun cliché, aucune preuve matérielle de mon mal... rien que les affirmations d'un professeur qui peut se tromper tout aussi bien qu'un autre ! — Prendre ces documents n'a pas été très difficile : c'est la seule raison qui m'a obligée à retarder mon retour ici. Dès que je les ai eus, je suis revenue. Encore une chose que je ne pouvais pas dire à Denys quand il m'a reproché mon retard imprévu ! J'ai profité de ce dimanche : je savais ne pas courir le risque de rencontrer ce matin l'un ou l'autre de mes anciens collègues. Le concierge de l'Institut, qui me connaît de vue depuis des années, m'a laissé pénétrer sans faire la moindre objection : il ne doit même pas savoir, cet homme, que je ne fais plus partie du personnel de la grande bâtisse ! J'ai été directement à la salle des archives, au sous-sol, sachant depuis longtemps que n'importe quelle infirmière, envoyée par son chef de service, peut y entrer pour prendre le dossier dont il a besoin. Cette facilité m'avait toujours étonnée quand j'étais à l'Institut : elle contraste avec la discrétion voulue dont on entoure la personnalité de chaque malade. Puis je suis repassée devant la loge du concierge le plus naturellement du monde, avec la certitude cette fois que l'on ne me verrait plus jamais dans ces lieux. — J'ai eu tout le temps cet après-midi, dans le train qui me ramenait ici, de consulter les fiches et d'examiner mes radios successives. Aucun doute n'est plus possible : mon mal se localise entre 2 et 8 centimètres de profondeur avec des ramifications qui s'étendent. Un jour, je le sais, je ne pourrai plus remuer le bras gauche qu'avec difficulté : la paralysie lente commencera et ce sera bientôt la fin à moins que le sérum de l'Autrichien n'amène l'amélioration rapide qu'il m'a promise. — ...Malheureusement je n'ai pas grande confiance dans ce docteur Schenck... J'ai été le voir après avoir dit à Berthet tout ce que je pensais de l'inutilité de sa méthode, mais j'ai été déçue dès le vestibule de ce spécialiste privé, presque clandestin : il y avait foule. C'était horrible : tous ces gens, hommes et femmes, étaient venus là animés par le même état d'esprit que moi. Des désespérés qui savaient que la science officielle les considérait comme irrémédiablement condamnés, mais qui voulaient lutter encore... Tant qu'il y a un souffle de vie... — J'attendis comme les autres. Enfin je vis le fameux docteur dont la presse a beaucoup parlé, sans doute parce qu'il travaille en marge de la médecine officielle. Son aspect extérieur est assez séduisant, trop séduisant à mon avis... Il parle notre langue avec douceur et un léger accent d'Europe centrale qui contribue à augmenter son charme naturel. Il possède aussi une force de persuasion peu commune. C'est une sorte de fakir moderne qui vous hypnotise - «Ma méthode, mademoiselle, est complètement différente de celle des autres... (A suivre...)