Résumé de la 51e partie - Durant les 8 jours de l'attente des résultats, Marcelle lit tout ce qui a été publié sur le cancer du poumon... Nous, qui appartenons à la médecine officielle, reconnue, patentée, nous ne pouvons pas continuer à ignorer délibérément les résultats obtenus par certains guérisseurs... Il y a, surtout dans les campagnes, de ces «rebouteux» qui obtiennent des guérisons là où la médecine s'est montrée impuissante. Pourquoi n'en existerait-il pas un qui aurait trouvé le remède attendu par le monde entier ? Si Berthet et son Institut me font comprendre que je suis perdue, j'irai tout de suite trouver ce Viennois dont on dit merveille. Et lui me guérirait avec son sérum ! — Ce fut dans cet état d'esprit que je franchis, pour la troisième fois, le portail de Villejuif au jour fixé par mon ancien patron. Il m'attendait, très calme. Pas un muscle de son visage ne bougea lorsqu'il me dit, après m'avoir fait asseoir en face de lui : - «Vous êtes restée trop longtemps parmi nous, Marcelle, pour que je puisse vous cacher stupidement une vérité que vous soupçonnez... et je vous sais au courant de mes méthodes...» – «Autrement dit, monsieur, je suis atteinte ?» – «Ne me faites pas dire un mot que je n'ai pas prononcé et qu'une règle d'humanité nous interdit même de murmurer devant qui que ce soit ! Voilà : à mon avis votre cas est sérieux mais opérable... Il y a deux solutions ou pratiquer une pneumotechnie, en vous enlevant le poumon gauche... Vous savez comme moi que l'on vit très bien avec un seul poumon... Ou faire une lobectomie en ne vous enlevant que les deux lobes atteints. Ainsi vous conserveriez vos deux poumons, mais le gauche n'aurait qu'un rendement insuffisant. Personnellement, je suis partisan de tenter la première opération. C'est à vous seule de décider.»- «C'est tout décidé, monsieur. Ni l'une ni l'autre !» Je m'étais levée. Berthet me regardait, effaré, cette fois. Et je parlai vite, je lui criai même tout ce qui m'étouffait et qu'il fallait lui dire : - «Tenter la première opération ! Le voilà bien le mot commode derrière lequel vous vous abritez tous : une tentative ! Si elle ne réussit pas, votre conscience sera tranquillisée, parce que vous aurez prévenu le patient ou ses proches que ce n'était qu'une tentative ! Et vous savez mieux que moi, monsieur le professeur, que l'on n'a encore jamais réussi jusqu'à ce jour l'opération que vous préconisez ! Si «elle réussit», comme vous essayez de me le faire croire, elle prolonge le malade pour quelques semaines, mais il est irrémédiablement condamné dans les trois mois suivants. Vous voulez des exemples ? Tous ceux sur qui «la tentative» a été faite ! Le nom d'une victime illustre ? Le roi George VI ! Et cependant, vous-même m'avez dit que le professeur anglais qui l'a opéré était une sommité mondiale ! Trois mois après, le malheureux roi était emporté en quelques minutes... Et vous voulez que j'aie confiance ?» - «On ne sait jamais, Marcelle...» - «C'est bien cela : on ne sait jamais ! Je finis par croire qu'on ne saura jamais ! Mais il y en aura d'autres, heureusement, qui sauront avant vous tous ! (A suivre...)