Résumé de la 2e partie La longue ascension qui attend Hemming et ses camarades, c?est la Moraine escarpée avec ses grands rochers à pic, ses pentes humides et un chemin difficile à trouver. A quatorze heures, ils sont dans la tempête. Gary Hemming avait sous-estimé la situation. Il avait dit : «Cet après-midi, nous serons près d?eux.» Or, il n?y a aucun espoir d?atteindre les deux Allemands dans la journée. Peut-être même pas le lendemain. A Chamonix, ce matin du 21 août, on désespère de sauver les deux Allemands. Pour ceux-ci, la huitième nuit vient de se terminer. Ils l?ont passée la faim au ventre, sous la neige, par moins dix degrés. Ils n?ont qu?une cagoule de bivouac pour deux. Il y a trois jours qu?ils n?absorbent plus que la neige. Les sauveteurs les plus proches ne sont qu?à trente mètres. Trente mètres ce n?est rien, mais sur une paroi abrupte totalement verglacée, cela représente des heures et des heures d?efforts. Et un brouillard épais couvre tout le massif. A l?aube, on n?y voit pas à trois mètres. Les trois cordées engagées dans ce périlleux sauvetage arriveront-elles à temps ? «Il faudra encore deux jours pour rejoindre les deux Allemands», disent les pessimistes. On souligne que les deux alpinistes allemands ont fait preuve d?une coupable imprudence. Ils ne sont pas entraînés pour une expédition aussi dure. Le plus jeune est à peine remis d?une angine ! Et ils n?ont qu?un équipement très insuffisant. A neuf heures trente, la brume est toujours aussi épaisse et l?on est sans nouvelle de la cordée de Gary Hemming qui progresse par le bas de la terrible face ouest ; la voie la plus directe, mais la plus difficile. La paroi est recouverte d?un véritable vernis de verglas. A dix heures, enfin, le soleil se lève, et toute les cordées reprennent leur progression. L?une est parvenue à une niche de la face nord, à l?horizontale des naufragés. Mais elle a encore à franchir une trentaine de mètres extrêmement difficiles. Descendant du sommet, une autre cordée parvient au-dessus des alpinistes en détresse. Quant à la cordée de Gary Hemming et René Desmaison, elle est enfin sortie de la partie la plus longue de l?escalade. Il ne reste plus qu?à franchir, par un rappel pendulaire, la distance horizontale qui sépare les sauveteurs des deux Allemands. Ce rappel pendulaire c?est tout ou rien. Il faut fixer les pitons, glisser une corde dans un anneau, se lancer dans le vide et se balancer pour atteindre la minuscule plate-forme où se trouvent les deux Allemands. René Desmaison fait une suggestion : «Peut-être pourrait-on utiliser une corde qui a été placée là il y a déjà dix ans ?» Gary Hemming frappe la muraille à coups de pic, place un piton. Trente mètres plus bas vers la gauche, les deux Allemands le regardent faire. Il leur demande, avec son accent américain : «Avez-vous des engelures ? Avez-vous faim et soif ? ? Non, répond l?un des Allemands, pas soif ! Nous mangeons de la neige depuis deux jours !» L?homme emploie un mauvais anglais, déformé par l?accent allemand. «L?aiguille du Dru, c?est la tour de Babel, remarque Gary Hemming, en vérifiant la vieille corde. Elle a l?air de tenir, mais si elle est là depuis dix ans, il vaut mieux la doubler.» (à suivre...)