Résumé de la 1re partie Heinz Hamisch et Herman Muller sont accrochés au bord d?un abîme de 700 mètres depuis 8 jours coincés dans leur hélicoptère. Gary Hemming repose sa tasse de café et dit à son ami : «Ainsi, ils ont vraiment des ennuis.» Après un silence, il ajoute : «Bon sang, ce que je peux être bête ! Je voulais savoir où en était le sauvetage avant de quitter Chamonix. Pourquoi ne l?ai-je pas fait ? Maintenant c?est un jour de perdu et nous sommes sur le mauvais côté de la montagne. Tu as payé soixante francs pour traverser le tunnel en voiture. Et maintenant, je vais te demander de le traverser dans l?autre sens pour retourner à Chamonix. Je me sens coupable de te le demander. Si tu ne veux pas, je ne t?en voudrai pas, je retournerai là-bas en stop.» Devant l?étonnement de son ami, il ajoute : «De toute façon, il faut que je retourne là-bas. Je n?ai pas le choix. En tant qu?alpiniste expérimenté, j?ai la responsabilité des sauvetages difficiles. Tu ne peux pas comprendre ça. Tous les alpinistes ont la responsabilité des sauvetages en montagne, pas seulement les guides qui sont payés pour ça et les soldats. Parce que tous les hommes ont la responsabilité de tous les hommes. Et puis ce sauvetage, tu comprends, cette ascension, cette aventure et la vie de ces deux camarades, est-ce que ce n?est pas beau ? Vraiment beau ? Tu es d?accord ? Merci mon vieux.» Il est treize heures. Deux heures plus tard, plus échevelé, plus déguenillé et plus sale que jamais, Gary Hemming descend tranquillement de voiture, prend son sac sur la banquette et le jette sur son épaule. A seize heures, à l?école de haute montagne de Chamonix, on l?accueille sans étonnement. On se souvient qu?un jour on l?avait invité au rassemblement international des alpinistes. Au grand scandale de tout le monde, il s?est présenté la tête auréolée d?une crinière sauvage, une barbe d?ermite au menton. Comme on le priait d?aller se raser, sans un mot, il a remis son sac sur son épaule et s?en est allé. Il s?adresse au responsable de la sécurité civile. «Excusez-moi, capitaine, je ne sais pas si vous vous souvenez des Petites Jorasses ? L?année dernière, à cette époque. Je me suis coupé la barbe depuis. Oui, c?est ça, c?est moi, Gary Hemming ! Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour eux ?» A dix-sept heures, tout est arrangé. Il va partir avec cinq guides, dont René Desmaison, le plus prestigieux de tous. Les responsables de l?école de haute montagne leur donnent des provisions et un émetteur radio. Ils pourront monter jusqu?au pied de l?aiguille avec l?hélicoptère demain matin. Ce soir, les nuages sont trop bas. «Mais, dit Gary Hemming, ils peuvent être aussi trop bas demain matin. Peut-être ferait-il mieux de partir maintenant par le train du Montenvers puis de continuer à pied demain matin de bonne heure, ou même ce soir. Qu?en pensez-vous, camarades ?» A dix-neuf heures, ils sont dans le train du Montenvers. Ils ont décidé de former trois cordées de deux. Gary Hemming pense : «Sommes-nous vraiment assez forts pour réussir ? Dans quelle aventure sommes-nous lancés ?» Il ne l?avouera que plus tard. A trois heures du matin, ils sont sur la mer de Glace. Ces départs de nuit en montagne sont toujours impressionnants. Les lampes de ses camarades clignotent devant Gary Hemming. La longue ascension qui les attend, c?est d?abord la moraine escarpée avec ses grands rochers à pic, les pentes herbeuses humides de la dernière pluie du soir et le chemin vers la crête si difficile à trouver. Après, ce sera le couloir de glace et les pierres branlantes et, enfin, la face ouest de l?aiguille du Dru. Les sacs trop lourds les obligent à monter très lentement. A six heures du matin, ils bivouaquent. Ils repartent à dix heures après quatre heures de sommeil. (à suivre...)