Dénouement - Après 18 mois de crise politique et une guerre contre les jihadistes menée aux côtés d'armées étrangères, le Mali s'apprête à l'élection présidentielle. Les deux agents électoraux enlevés hier, samedi, dans la région de Kidal (nord-est du Mali) par des hommes armés ont été relâchés, a indiqué ce dimanche un responsable au ministère malien de l'Administration territoriale. «Deux des agents (électoraux) ont été relâchés dans la nuit de samedi à dimanche. Ils sont actuellement libres et non loin de Tessalit», localité au nord de la ville de Kidal où ils ont été kidnappés, a affirmé ce responsable sous le couvert de l'anonymat. «Nous ne connaissons pas encore en détail les conditions de libération de ces agents électoraux. Mais c'est une bonne nouvelle», a-t-il précisé. Un responsable du gouvernorat de Kidal, chef-lieu de région, avait indiqué, hier, samedi, que les ravisseurs avaient pris six otages : cinq agents électoraux et un élu local qui se trouvaient «à la mairie de Tessalit pour organiser la distribution des cartes d'électeurs» en vue du premier tour de la présidentielle prévu le 28 juillet. Cette libération autorise un certain optimisme quant à la poursuite de la préparation de cette présidentielle. Sept millions de Maliens sont appelés à élire dans une semaine leur nouveau président. Ce scrutin censé ramener paix et stabilité au Mali est déjà contesté. Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ont prévenu d'avance que cette élection présidentielle dont le premier tour aura lieu, dimanche prochain, serait «imparfaite», mais qu'il faudrait néanmoins en «accepter» les résultats. Les violences de jeudi dernier et celles du lendemain, vendredi, qui ont fait quatre morts à Kidal (1 500 km de Bamako) et les enlèvements d'hier, samedi, d'agents électoraux et d'un élu plus au nord, à Tessalit, font planer de très sérieux doutes sur la tenue du scrutin dans la région du nord-est du Mali, berceau des Touareg et de leur rébellion. Déjà mauvaises, avant le début du conflit au Mali dont le Nord a été occupé en 2012 par des jihadistes un temps alliés à la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), les relations entre communautés noires, majoritaires, et Arabes et Touareg, se sont depuis considérablement dégradées. Les deniers sont assimilés aux groupes jihadistes et au MNLA, considérés comme les responsables des malheurs du pays. Et l'arrivée de soldats maliens à Kidal en début de ce mois de juillet a attisé les haines. Si le vote n'avait pas lieu à Kidal, l'impact serait presque insignifiant sur les résultats, vu le peu d'électeurs dans la zone. L'un des grands favoris à la présidentielle est Soumaïla Cissé, 63 ans. Ingénieur de formation et ex-ministre des Finances à la rigueur et la compétence reconnue, il est aussi farouche opposant au putsch du 22 mars 2012 qui a plongé son pays dans le chaos. «Je vous invite à nous tenir debout et à exiger la restauration des institutions et le respect des règles républicaines», avait déclaré Soumaïla Cissé deux jours après le coup d'Etat militaire qui a précipité la chute du nord du Mali aux mains de rebelles touareg et de groupes jihadistes.