Vision - Mohamed Yabdri est comédien et metteur en scène, scénographe et animateur de stages de théâtre. Il est reconnu tant par la scène nationale qu'à l'étranger, notamment aux USA. Ainsi, ses spectacles ont été diffusés dans plusieurs pays : Algérie, Cameroun, Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn, Maroc, Tunisie, France. Il travaille actuellement aux USA où il a plusieurs spectacles en chantier et à l'affiche telle que Le Cabaret de Madame Josette, I Missed Algeria et Un clown en exil. S'exprimant sur son expérience aux USA, Mohamed Yabdri dit : «Le théâtre américain est un théâtre qui a révolutionné le théâtre universel. Dans les années 60 et 70, il y avait de nouveaux courants théâtraux qui ont bouleversé et changé l'école théâtrale dans le monde. Nous, en revanche, nous avons tendance à suivre les pays de l'Est, la France aussi. Nous avons oublié que le théâtre américain a beaucoup donné au 4e art. Mon expérience aux USA est très récente. Je ne suis pas tête d'affiche, mais je trouve ma place et mes repères car je suis le seul Arabe à Minneapolis.» Mohamed Yabdri se refuse d'utiliser dans son travail des personnages stéréotypés d'Arabe, de terroristes ou de méchants. Dans Un clown en exil, présenté à la salle El Mougar, Mohamed Yabdri essaye justement d'effacer tous les stéréotypes qu'ont voulu coller les Occidentaux aux Arabes. Cette pièce est un monodrame interprété par le jeune comédien Mohamed Yabdri et mis en scène par l'Américain Noah Bremer – un homme de théâtre reconnu aux Etats-Unis. Un clown en exil raconte le voyage du personnage, dénommé Pas, de son Algérie natale vers le «rêve américain» et le choc des civilisations qu'il va vivre une fois arrivé aux USA, le pays de tous les miracles. Arrivé chez «l'Oncle Sam», le clown fera face à la dure réalité, ce qu'il croyait être une contrée de liberté s'est avéré un pays plongé dans la paranoïa. Le terrorisme islamiste est passé par là. Le délit de faciès est devenu un crime fédéral. Il est Arabe, il est suspect. Le clown vivra de nombreuses péripéties et situations rocambolesques avec les autorités américaines. Basé sur la gestuelle et les mimes, le spectacle est sans texte. Bruitages et musique comblent le vide langagier. La pièce, présentée dans un humour décalé, puise sa matière dans l'absurde. Elle évoque à cet effet plusieurs questions liées à l'identité, à la nostalgie et au nationalisme. «Un clown en exil s'inscrit dans une démarche visant à corriger et à lutter contre les stéréotypes bien ancrés dans les deux mondes, américain et arabo-musulman», souligne Mohamed Yabdri. Créé à l'issue de sa rencontre avec le jeune Américain Noah Bremen, ce spectacle, confiera Yabdri, contient des bribes de son propre vécu, mais pour dire la douleur des gens exilés. Le choix du personnage du clown n'est pas fortuit car, pour Yabdri, il s'agit d'un personnage sympathique et universel qui est fait pour semer la joie où qu'il passe. Ainsi, à la question de savoir pourquoi un clown, Mohamed Yabdri répond : «Le choix du clown s'est imposé à moi car c'est un personnage sincère, honnête, simple. Je pense que tous les acteurs dans le monde cherchent à incarner ces valeurs à travers leurs protagonistes. C'est également un personnage complexe. Je l'ai choisi car, par le passé, j'ai joué dans des pièces de théâtre où la primauté a été donnée au texte. Mais avec mon personnage je me tais sur scène. Je suis silencieux dans le verbe, je parle avec mon corps, avec mes émotions... J'ai choisi le clown pour sa simplicité de jeu, pour son universalité.»