Résumé de la 87e partie - M. Deval dit vouloir mener l'enquête jusqu'au bout pour savoir la responsabilité du docteur dans la mort de Mme Boitard.... Comment aurais-je pu savoir que c'était sa santé seule qui la tourmentait ? Je ne l'ai compris qu'après avoir lu sa lettre... J'ai l'impression très nette, docteur, que la prochaine fois où nous nous verrons, ce ne sera pas dans votre cabinet, mais dans celui d'un juge d'instruction ! — C'est possible... Réfléchissez quand même, avant d'agir, aux conséquences qui peuvent être incalculables pour beaucoup de gens dans cette ville. Il n'avait pas pris la peine de me tendre la main au début de notre entretien. Pourquoi l'aurait-il fait en sortant ? Je restai abasourdi. La seule chose nette dans mon esprit était que, par le fait d'une fatalité incroyable, cet homme était devenu mon pire ennemi : il me haïssait ! Je l'avais lu dans son regard. N'étais-je pas pour lui le seul responsable possible du suicide de sa maîtresse ? Ne le serais-je pas aussi pour toute la ville, s'il mettait son projet à exécution ? Cela devenait inquiétant, angoissant même pour moi... Demain vraisemblablement, le brigadier Chevart aurait terminé son enquête concluant au suicide et me donnerait l'autorisation de délivrer le permis d'inhumer. Devais-je le donner, ce permis ou exiger au contraire qu'il fût procédé à une autopsie qui me laverait définitivement des soupçons que cet homme allait faire peser sur moi ? Et j'étais pris d'un doute affreux : l'autopsie ne révélerait-elle pas que la morte n'avait pas une simple mammite mais effectivement un cancer ? Pourtant j'étais sûr de l'avoir examinée soigneusement... La grosseur présentait toutes les caractéristiques de la mammite : elle était dure, localisée et douloureuse aux époques de règles alors que la tumeur cancéreuse est informe, molle, insensible... En réalité, je ne savais plus ! Si cette femme, amoureuse de la vie et de tout ce qu'elle lui apportait de bon, n'avait pas hésité à se tuer en pleine jeunesse et en plein épanouissement de sa beauté, n'était-ce pas parce qu'elle savait ? parce qu'elle n'avait plus aucun doute sur son état ? Mais qui aurait pu lui dire l'horrible vérité en admettant qu'elle existât ? A moins qu'elle n'ait été consulter d'autres médecins plus spécialisés que moi dans ce domaine. Un problème de conscience effroyable se posait pour moi : ou je délivrais le permis d'inhumer ou je demandais l'autopsie... Dans le premier cas, cela voudrait dire que je courrais le risque de l'accusation grave du lieutenant Deval ; dans le second, ça signifiait que je n'étais pas sûr de mon diagnostic et si, pas impossible, l'autopsie révélait que Mme Boitard avait réellement un cancer du sein, je n'aurais plus qu'à quitter le pays... Je me voyais pris dans un étau qui se resserrait sur moi sans que je puisse même me défendre. Je sentais confusément aussi que cet étau était actionné par un ennemi. (A suivre...)