Mystère Présenté comme moyen incontournable pour une connaissance affinée du monde agricole, le recensement tarde à venir. Le ministre du Développement rural, M. Rachid Benaïssa a souligné, mardi dernier, lors d?un point de presse ? en marge de la présentation du bilan de l?agriculture au premier semestre ? que les résultats du recensement général seront rendus publics «prochainement». Interrogé sur les raisons de cet atermoiement, le ministre a indiqué que c?est l?interprétation des statistiques qui pose problème puisque cette tâche ne doit pas être confiée à une ou deux personnes, mais être une ?uvre «pluridisciplinaire». Par ces propos, le ministre semble accorder peu d?intérêt aux commentaires fournis par le Centre de recherche en économie appliquée du développement (Cread), dont certains chercheurs ont participé à la mise en ?uvre du recensement. Les collaborateurs du ministre évoquent un autre écueil relatif à la nécessité de la consolidation de ce recensement bien que son élaboration ait duré deux années. Que ce soit à propos de la taille des exploitations ou de l?emploi, le ministre ne veut endosser aucun des commentaires relatifs aux recensements, se contentant de dire que ce document ne fournit qu?une photographie d?une situation donnée vécue sur le terrain, ce qui revient à minimiser la portée de ces données sur le vécu social des populations agricoles. Le fait que le recensement porte sur les exploitations et non les exploitants en dit d?ailleurs long sur le peu de considération accordé aux ressources humaines dans l?acte de production. Les cadres de l?agriculture se sont élevés contre cette omission, y compris de leur rôle, en rappelant que les exploitations ne sont pas des entités figées capables d?autogestion. D?ailleurs, les ressources humaines posent un problème dans l?agriculture, ne serait-ce qu?au vu de la faible productivité des 2,4 millions d?agriculteurs activant sur 8,4 millions d?hectares de surface agricole utile. Le ministre reconnaît que si la recherche est axée sur la productivité, il ne sera plus utile d?engager davantage de personnel, ce qui va à l?encontre d?un des objectifs du plan national de développement de l?agriculture. Le commentaire accompagnant le RGA propose même de transférer des populations agraires vers les villes pour se débarrasser du surplus de travailleurs. Mais que peuvent-ils bien faire en ville ? Les commentateurs du recensement constatent aussi que les banques n?interviennent que faiblement dans les prêts agricoles laissant cette initiative aux privés qui ne demandent pas de garantie et qui profitent de cette brèche pour opérer des achats sur pied, premier échelon de la spéculation. Ces vérités gênent-elles le ministère de l?Agriculture au point d?opérer un black-out sur le recensement, outil important pour l?information ?