Résumé de la 90e partie - Le docteur fait remarquer à Marcelle qu'elle parle de cancer avec Christiane, alors pourquoi ne l'aurait-elle pas fait avec Mme Boitard ? Pas au point d'en arriver à une telle conversation ! Leurs relations étaient purement mondaines... D'ailleurs, quand j'ai été annoncer tout à l'heure la nouvelle à Christiane, sa première question a été : «Pourquoi a-t-elle fait ça ?» — La question que nous nous posons tous, docteur ! Ce qui me semble le plus fantastique, dans toute cette lamentable histoire, est que Mme Boitard, qui paraissait être une femme de bon sens, ait pu croire qu'elle aussi avait un cancer parce qu'elle en avait entendu parler autour d'elle ! J'ai été mieux placée que quiconque, quand je travaillais avec le professeur Berthet, pour savoir que les véritables cas cancéreux sont infiniment plus rares qu'on ne se l'imagine dans le grand public ! Un cancer ne s'attrape pas comme une vulgaire maladie ni même comme la tuberculose ! Il n'y a pas d'exemples actuellement à Villejuif que tous ceux, médecins ou infirmières, qui sont en contact permanent depuis des années avec les malades, aient contracté leur mal ! On n'a jamais pu prouver que le cancer était contagieux... Vous ignorez probablement, docteur, que sur cent personnes envoyées par de grands médecins, convaincus qu'elles sont atteintes, à Villejuif ou à Pasteur, pour y subir un examen probant, il n'y en a pas trois qui l'ont ? — J'avoue que je l'ignorais... Ça confirme ce que je vous disais le jour de votre arrivée. — Vous m'avez dit beaucoup de choses, ce jour-là, docteur... — Rappelez-vous que je n'avais pas encore décelé, depuis six mois que j'exerçais, un seul cas de cancer véritable dans ma clientèle ! — En effet. Depuis, il y a eu M. Heurteloup... mais à part lui ! Tant mieux d'ailleurs ! Je souhaite de tout mon cœur que nous n'en rencontrions jamais d'autres ! Maintenant, docteur, pensez-vous que le lieutenant Deval fera usage de cette lettre pour essayer de vous nuire ? — Je n'en sais rien ! Il m'a paru tellement décidé que je le crains un peu... — Si cela était, docteur, je ne voudrais pas vous donner le moindre conseil, mais faire une simple suggestion vous avez un moyen infaillible de prouver à la face de toute la ville que seul un accès de dérangement mental a poussé Mme Boitard à se suicider. — Lequel ? — L'autopsie ! Exigez qu'un médecin légiste la fasse ! On s'apercevra bien que cette malheureuse n'avait qu'une mammite comme vous le lui avez dit. — J'y ai déjà songé, mais ça offre pour moi de graves dangers. — Lesquels ? — Si vraiment on découvrait qu'elle avait un cancer, que penseraient les gens de mon diagnostic ? — Evidemment ! Ce pourrait être très ennuyeux... Mais je suis persuadée que vous n'avez pas commis d'erreur, docteur. (A suivre...)