Résumé de la 91e partie - Pour Marcelle, le docteur n'a pas commis d'erreur de diagnostic... — Merci de cette confiance, Marcelle. — Alors le mieux serait de convaincre le lieutenant Deval qu'il doit supprimer cette lettre écrite dans un moment d'exaltation fébrile par une femme qui n'était plus dans son état normal... Lui faire comprendre aussi que la publication de... disons ce document.. ne serait d'aucune utilité puisqu'elle ne rendrait pas la vie à une défunte ! Je me mets à votre place : le plus sûr ne serait-il pas de récupérer vous-même la lettre quand il en est peut-être encore temps ? — Ce serait m'accuser moi-même directement dans l'esprit du lieutenant. — Vous savez, docteur, à quel point je vous suis dévouée et combien je vous admire ! Vous avez, comme le professeur Berthet, la passion de votre beau métier. Il faut que vous puissiez continuer à le pratiquer en toute sérénité, en toute tranquillité, sans être inquiété par une menace de chantage odieuse et ridicule... Je suis prête à vous aider complètement, de tous mes pauvres moyens... Voulez-vous que j'essaie de reprendre cette lettre ? — Non, Marcelle ! Ce serait indigne de vous et de moi. J'ai confiance, malgré tout, dans mon bon droit... Je vous remercie de ce que vous venez de me dire. Ça me touche infiniment. Et je voudrais que vous me pardonniez les mots malheureux que j'ai eus au début de cet entretien. — Je n'y pense déjà plus ! Je n'y ai attaché aucune importance ! J'ai trop appris à vous connaître et à vous apprécier pour ne pas savoir que si vos paroles ont dépassé vos pensées, c'était uniquement parce que vous étiez encore sous le coup d'une émotion bien compréhensible. N'importe qui à votre place, et moi la première, en aurait fait autant ! Je crois, docteur, que Clémentine va s'impatienter : le dîner est prêt depuis longtemps... Surtout ne parlons plus de cette chose affreuse ! N'y pensez pas pendant le repas. Vous verrez que tout s'arrangera très bien... Après le dîner, j'étais convaincu que cette femme dure mais consciencieuse, austère mais dévouée, n'aurait pu agir ainsi. Et pour quel mobile ? Je ne le découvrais pas. Comment même m'imaginer alors que ce suicide de Mme Boitard n'était qu'un moyen indirect d'attaque contre Christiane et que Christiane elle-même devenait l'obstacle à abattre pour m'atteindre finalement, moi ? Le lendemain matin, le brigadier Chevart vint m'informer que son enquête concluant au suicide était terminée et que je pouvais délivrer le permis d'inhumer. Je me rendis aussitôt chez le notaire que je trouvai entouré de quelques parents proches, d'un représentant des pompes funèbres venu spécialement du Mans et du chanoine Lefèvre, notre archiprêtre. Dès que ce dernier m'aperçut, il me prit à part dans le vestibule d'entrée : - «Alors, cher docteur, à votre avis aucun doute n'est possible ? C'est un suicide ?» - «Oui, monsieur le chanoine.» - «Quel malheur ! Ça peut vous paraître insensé, mais j'aurais préféré de beaucoup que ce fût un assassinat !» Et comme je le regardais, médusé, il poursuivit : - «Oui, l'Eglise ne peut accorder la sépulture religieuse à quelqu'un qui a attenté volontairement à ses jours. Dieu donne la vie et lui seul a le droit de la reprendre... L'enterrement devra donc être strictement civil.» (A suivre...)