résumé de la 97e partie - Une psychose s'empare de toute la ville : tout le monde ne parle que de cancer... «Voyons, monsieur l'archiprêtre ! Vous ne parlez pas sérieusement ?» — «Je ne plaisante pas !» — «Enfin réfléchissez une seconde ! Le cancer n'a aucun rapport avec les rhumatismes !» — «Je n'en suis pas aussi sûr que vous, docteur !» — «Savez-vous seulement ce qu'est le cancer ?» — «Pas plus que vous, mais je voudrais bien le savoir... Et je ne suis pas le seul en ville ! Vous n'ignorez probablement pas ce qu'on dit au sujet de certaines morts de ces derniers temps.» — «Je sais... je sais ! Je vous en supplie, monsieur l'archiprêtre, ne vous laissez pas emporter par cette vague de panique qui ne repose sur rien de sérieux ! Que des gens incultes me parlent ainsi, mais un homme comme vous !» — «Vous êtes bien nerveux, mon jeune ami, quand on aborde ce sujet.» — «Je ne suis par nerveux, mais mettez-vous à ma place : ça finit par être agaçant d'entendre n'importe qui vous aborder n'importe quand avec ce seul mot à la bouche : le Cancer ! Ça devient une véritable folie !» — «Bon. N'en parlons plus. Et gardons nos illusions de rhumatismes articulaires...» Quand il ressortit de chez moi, j'eus nettement l'impression qu'il était convaincu d'avoir été soigné depuis des années pour un mal qu'il n'avait pas. Pour tous ce fut la même chose ! Je reçus même un jour la visite de maître Boitard qui me demanda avec inquiétude si je ne pensais pas que le cancer fût contagieux et si on risquait de se le communiquer entre époux. Je répondis que je ne le savais pas plus que les autres médecins, mais qu'en ce qui le concernait, cette question n'offrait pas le moindre intérêt, puisque je lui certifiais que sa femme n'en avait jamais eu un ! Il repartit, persuadé lui aussi que je mentais, après m'avoir dit : — «Je commence à me demander si je n'ai pas eu tort de ne pas laisser pratiquer l'autopsie.» Mais où je crus vraiment perdre la tête ce fut quand Clémentine m'annonça celui que j'appréhendais le plus de rencontrer : l'amant ! Comme Marcelle Davois l'avait déjà écrit à cette époque dans son journal, le lieutenant Deval s'était terré : on ne l'avait pratiquement pas rencontré en ville depuis quelques semaines. On m'avait bien dit qu'il passait le plus clair de son temps sur les chantiers d'exploitations forestières des environs, mais je n'en étais pas très certain. Et ce silence, après la menace qui m'avait été faite, m'inquiétait... Finalement, l'optimisme, qui est le fond de ma nature, avait repris chez moi le dessus : je commençais à croire sérieusement que ce bouillant jeune homme s'était rangé aux sages conseils que je lui avais donnés et qu'il avait fait disparaître la lettre quand, brusquement, il fut introduit dans mon cabinet... — Vous vous demandez avec inquiétude pourquoi je reviens vous voir, docteur ? — Pourquoi serais-je inquiet ? Je n'ai rien à me reprocher. — C'est exact, docteur... C'est la même raison qui m'a conduit de nouveau ici. Je ne comprenais plus. (A suivre...)