Arguments n Washington tente de vendre l'intervention contre la Syrie au nom de l'intérêt national. Paris opte pour un débat sans vote. La campagne lancée par Barack Obama pour convaincre le Congrès de donner son feu vert à des frappes en Syrie entre ce mardi dans le vif du sujet, avec l'audition par le Sénat du secrétaire d'Etat, John Kerry, et du chef du Pentagone, Chuck Hagel. Avant de s'envoler pour la Suède dans la soirée, Barack Obama a aussi invité les responsables des commissions-clés du Congrès à venir le rencontrer ce matin à la Maison-Blanche, où il tentera de leur «vendre» l'intervention syrienne au nom de l'intérêt national. Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, le secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, et le plus haut gradé américain, le général Martin Dempsey, défendront devant les 18 sénateurs de la commission des Affaires étrangères le projet de résolution envoyé samedi dernier au Congrès et autorisant des frappes militaires contre la Syrie. Ils devraient placer le Congrès face à ses responsabilités et mettre les parlementaires en garde contre les conséquences de l'inaction en Syrie pour la crédibilité des Etats-Unis sur la scène internationale, en particulier dans le dossier du nucléaire iranien. M. Kerry «expliquera que l'absence d'action contre Assad annule l'effet dissuasif des normes internationales contre l'utilisation des armes chimiques, met en danger nos amis et nos partenaires le long des frontières de la Syrie...et risque d'enhardir Assad et ses alliés clés : le Hezbollah et l'Iran», a expliqué un haut responsable du département d'Etat sous couvert d'anonymat. La rentrée officielle du Sénat et de la Chambre des représentants aura lieu le 9 septembre, et aucun vote n'aura lieu avant cette semaine-là. Mais les parlementaires entendent user de leurs nouvelles prérogatives pour amender significativement les deux pages de la résolution élaborée par la Maison-Blanche, afin d'écrire noir sur blanc qu'aucun soldat américain ne saurait être déployé en territoire hostile. Pendant ce temps, le débat parlementaire demain mercredi en France sur la Syrie «sera sans vote», a déclaré hier, lundi, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, en écartant les demandes d'une partie de l'opposition pour un scrutin à l'instar des choix britannique et américain sur le recours à une action armée. «Mercredi, il y aura un débat sans vote car en toute hypothèse, la décision ultime ne pourra être prise par le président de la République que lorsque sera constituée (une) coalition internationale», a affirmé le Premier ministre. François Hollande «continue son travail de persuasion pour réunir dans les meilleurs délais (cette) coalition» afin de sanctionner l'usage de l'arme chimique par Damas, a-t-il ajouté. La décision américaine de recourir à un vote parlementaire sur une éventuelle intervention armée a mis François Hollande en position délicate pour concrétiser son engagement d'une agression contre Damas. R.I.