Résumé de la 100e partie n Marcelle est entrée comme si elle attendait cet appel et son regard qu paraissait si dur et si expressif devenait presque humain un homme pourrait nous aider dans cette tâche, nous dire surtout si nous ne faisions pas fausse route, si l'idée de mon assistante ne frisait pas l'utopie. Cet homme, c'était mon bon et vieux maître : le professeur Berthet. J'irais le voir sans tarder et sans même le dire à Marcelle : ça pourrait la vexer inutilement de savoir que si je trouvais son idée excellente, j'estimais que son avis n'avait tout de même pas assez de poids pour influencer ma décision finale. Si Berthet abondait dans le même sens qu'elle, ce serait parfait et il n'y aurait plus qu'à passer à la réalisation. Si, au contraire, mon ancien patron me conseillait de ne rien faire pour le moment, j'attendrais. Pour que Marcelle ne se doutât pas de la visite que j'allais faire, je proposerais à Christiane de m'accompagner à Paris. Je savais qu'il y avait longtemps qu'elle mourait d'envie de faire avec moi une petite fugue dans la capitale : ça nous changerait les idées à tous deux après les heures pénibles que nous venions de vivre. Christiane voulait voir les collections et moi les nouvelles pièces de théâtre. Christiane fut ravie quand je la mis au courant de mon projet. Je dus lui faire promettre de ne pas révéler à Marcelle la véritable raison de notre voyage : - «Tuas raison, chéri, me dit Christiane. Marcelle est si dévouée que ce n'est pas nécessaire de lui faire inutilement de la peine.» Quant à Marcelle, elle eut ces mots charmants lorsque je lui annonçai que j'allais passer quelques jours de détente à Paris avec Christiane - «Vous ne pouviez pas avoir de meilleure idée, docteur... Je suis enchantée pour vous deux : la mort de Mme Boitard, son amie, avait vivement frappé Mme Triel... Et vous-même avez le plus grand besoin de vous changer un peu les idées ! Vous pouvez vous reposer entièrement sur moi pendant votre absence. J'en profiterai pour élaborer dans le calme un premier projet de constitution de ‘'notre'' Comité que je vous sou-mettrai à votre retour pour que nous puissions en discuter.» - «Excellente Marcelle ! pensai-je. Si toutes les femmes étaient aussi dévouées qu'elle à la cause de l'humanité, les gens finiraient par oublier toutes leurs petites querelles ! » Trois jours plus tard, j'étais reçu un après-midi à Villejuif par le professeur Berthet. Ce fut pour moi, dans mon profond désarroi, un réel apaisement de me retrouver en présence de mon ancien maître. Il est à peu près le seul homme que je connaisse à posséder une force morale si grande qu'il peut l'insuffler aux autres. Comment pourrais-je oublier cette émouvante conversation amicale dans laquelle il sut se montrer tellement convaincant que je ressortis de son cabinet, une heure plus tard, complètement revigoré ? Mais, quand j'y réfléchis aujourd'hui, avec le recul de plusieurs mois, je comprends que jamais je n'aurais dû faire cette visite ! Je la regretterai toute ma vie n'a-t-elle pas été, sans que ce savant probe et sincère l'ait voulu le moins du monde, le déclic final qui a engendré la crise la plus affreuse de mon existence ? J'ai suivi à la lettre les conseils de mon ancien patron comme j'avais écouté avec complaisance la nouvelle suggestion de mon assistante damnée. Si j'avais été un homme, au sens fort du mot, je n'aurais dû écouter personne et surtout ne pas bouger ! Je serais resté sagement chez moi, poursuivant ma mission de simple médecin de province, et peut-être rien d'autre ne se serait-il passé. a suivre guy des cars