Résumé de la 101e partie - Un homme pourrait me dire si l'idée de mon assistante ne frisait pas l'utopie. C'était mon bon et vieux maître : le professeur Berthet. Il faut le recontrer. - Qu'y a-t-il, mon petit ? Vous paraissez soucieux ? - Il y a de quoi, patron ! Je lui racontai le plus brièvement possible les récents évènements qui venaient de bouleverser la paisible tranquillité de ma ville. Je lui dis les circonstances dans lesquelles était mort le père Heurteloup, le suicide de Mme Boitard, la crainte panique qui s'était emparée de chaque habitant... Après m'avoir écouté avec son attention habituelle, il me répondit calmement : - Mon Dieu ! Tout ce que vous me dites n'est pas terrible... J'ai connu pire pendant ma longue existence. La seule chose qui importe est que vous ayez conservé le contrôle absolu de vous-même : c'est la première qualité du bon médecin. Et vous l'avez ! La meilleure preuve en est que vous n'avez pas pratiqué cette autopsie, comme vous en aviez envie. A mon avis elle était inutile puisqu'elle arrivait trop tard et elle aurait été néfaste pour votre autorité future sur vos malades... Avez-vous parlé de tout ça avec votre assistante, Marcelle Davois ? - Oui... C'est elle qui m'a donné l'idée, pour calmer les esprits surexcités, de créer ce comité. - Vraiment c'est une femme extraordinaire, cette Marcelle ! - Vous aviez raison : une collaboratrice de valeur. - Je vous avais dit, mon petit Fortier, que vous vous habitueriez très vite à elle et qu'un jour vous pourriez la regretter si elle vous quittait. - Je ne crois pas qu'elle en ait l'intention. - On est parfois obligé de partir un peu plus tôt qu'on ne l'avait prévu, au moment où on le souhaiterait le moins ! Les hommes proposent et Dieu dispose... Sincèrement, j'ai une certaine admiration pour cette femme... Et vous ne pourrez vous apercevoir que plus tard à quel point elle avait du cran ! - Que voulez-vous dire ? - Rien... sinon que sa santé est assez ébranlée... Quand vous la reverrez, dites-lui simplement de ma part qu'elle doit se ménager, que vous avez encore besoin d'elle pendant longtemps... Vous me comprenez ? - Oui. J'ai bien remarqué qu'elle a très mauvaise mine depuis quelques mois. - C'est toujours comme ça : quand on consacre son existence à soigner les autres, on ne prend pas le temps de s'occuper de soi-même, et un jour, inéluctablement, ça vous joue un mauvais tour !... Plus j'y réfléchis et plus je pense que cette idée de Marcelle Davois est excellente : la création de ce comité dans votre ville serait un heureux précédent dans cette partie de l'ouest de la France où il y a encore beaucoup à faire. On vous imitera sûrement ! D'autres villes suivront et la lutte anticancéreuse ne pourra qu'en bénéficier. - Ne pensez-vous pas, patron, que la création de ce comité risque de faire croire aux gens une chose complètement fausse que notre petite ville est l'une de celles où il y a le plus de cancéreux en France alors que je n'en ai pas décelé un seul, exception faite pour le vieux fermier dont je vous ai parlé et qui avait également une cirrhose du foie ? Sommes-nous vraiment bien désignés pour lancer dans notre région cette idée de comité et servir d'exemple ? (A suivre...)