Décollage n D'ici quelques minutes près de la moitié des 167 personnes présentes à bord du vol 28 de British Airtours seront mortes. «Ca n'aurait jamais dû arriver», dit un témoin. L'avion n'a pas décollé et n'a pas dévié de la piste, et pourtant 55 personnes ont été tuées. Pour les enquêteurs, c'est la routine. Ils reconstituent ce qui s'est passé au dernier moment en analysant l'épave et l'enregistreur de paramètres. Mais ils finiront par s'adresser à un psychologue pour comprendre comment une évacuation d'urgence somme toute gérable s'est soldée par un des pires désastres de l'histoire de l'avion britannique. Il est à peine 6h du matin, en ce 22 août 1985. L'aéroport de Manchester s'anime petit à petit. Les premiers vols de la journée s'apprêtent à décoller. Parmi eux le vol 28 de British Airtours doit conduire 131 passagers à l'île Grec de Corfou. Cette filiale de British Airways est spécialisée dans les vols à bas coûts vers les destinations touristiques. Il fait froid et une petite brise souffle. Les conditions de vol sont donc idéales. La plupart des passagers partent en vacance. Lindsay Davis se rend en Grèce avec son fiancé, Charlie Sixon. «C'était nos premières vacances à deux, nous envisagions de nous marier juste après.» Le commandant de bord, Peter Terington, est aux commandes. «J'étais commandant instructeur en chef de la flotte», dit-il. Le copilote, l'officier pilote de ligne, Bryan Love, est en formation. «C'est lui qui allait décoller et atterrir dans le cadre de sa formation», dit le commandant. Après avoir discuté au préalable des risques d'urgence, l'équipage s'apprête à décoller. «Si on a discuté au préalable des risques d'urgences et de ce qu'il faut faire dans chaque cas, on se souvient mieux de la procédure le jour où on en a besoin», explique le commandant. Les manœuvres s'accélèrent pour prendre l'envol. «Allumage 2», dit le copilote. «C'est parti», annonce-t-il. L'avion est un Boeing 737. Il ne lui faut que quatre minutes pour arriver au seuil de piste. Le 737 a 3 000 mètres pour atteindre sa vitesse de décollage. A cette vitesse, les moteurs délivrent une poussée énorme. Mais tout d'un coup un bruit sourd se fait entendre au dehors. Et même si aucun signal n'est indiqué sur le tableau de bord, le commandant s'en rend rapidement compte. Plus aucune seconde à perdre, il prend immédiatement les choses en mains. «Stop, stop», crie-t-il... L. Aït Saïd A suivre