Résumé de la 112e partie - Vu la faible constitution thoracique de Christiane, Marcelle décide de lui faire croire à un cancer du poumon... L'amitié de plus en plus solide qui unissait Christiane à Marcelle me paraissait un gage de paix durable pour l'avenir. Je m'enfonçais de plus en plus dans l'engrenage infernal. Mon assistante jouait au chat et à la souris avec flous : pour elle les pantins se désarticulaient d'heure en heure davantage... Et quelques jours plus tard, le hasard - ou la vie, qui le vaut dix fois pour ses conséquences néfastes - lui apporta l'étincelle mortelle que son cerveau diabolique recherchait avec tant d'obstination. Le soir même n'avouait-elle pas dans son journal... «Ce 28 octobre. — Ça y est ! Le ciel, ou peut-être l'enfer, est avec moi pour la première fois depuis des années ! Christiane s'est alitée. Elle a contracté un nouveau refroidissement très sérieux à la suite d'une promenade romantique, dans les bois de son parc et sous la pluie, avec son amant... C'est beaucoup plus grave que la première fois. Denys est revenu, très ennuyé et inquiet, mardi dernier du château il craignait la pneumonie. De toute façon, Christiane a une double pleurésie : résistera-t-elle ? Dès son retour, Denys, après m'avoir mise au courant de ce qui s'était passé, a ajouté - «Le chauffeur de Christiane vous attend devant la porte... Prenez vite un nécessaire de nuit et partez au château... Vous veillerez et soignerez Christiane qui vous réclame. Je continuerai seul à assurer les visites des autres malades. Je serai au château demain matin à la première heure, pour voir comment se sera passée la nuit. S'il y avait une urgence quelconque, n'hésitez pas à me téléphoner... Je mets toute ma confiance dans vos soins et je sais que votre seule présence sera déjà un très grand réconfort moral pour Christiane. — ... Je viens seulement de revenir du château après sept jours et sept nuits passés pratiquement dans la chambre de Christiane... Elle est tirée d'affaire maintenant, mais il lui faudra des mois pour se rétablir tout à fait. Elle a eu et elle aura encore pendant longtemps deux points pleurétiques sérieux : Denys l'avait très bien diagnostiqué. Il ne s'est pas plus trompé dans ce cas que pour la mammite de Mme Boitard ou la cirrhose du père Heurteloup... Au fond je dois reconnaître que mon petit Denys a un excellent diagnostic ! Ça ne me déplaît pas... et ça simplifie mon rôle qui a consisté jusqu'ici à faire dévier habilement ce diagnostic pour les seuls besoins de ma cause. Je vais appliquer encore une fois cette méthode au cas de Christiane : ces points pleurétiques vont m'être très utiles pour mettre peu à peu dans l'esprit de la malade qu'elle n'est pas seulement victime d'un refroidissement, qu'il y a autre chose... que si elle a cette prédisposition très nette aux complications graves et rapides, c'est uniquement parce que ses poumons sont atteints depuis longtemps, rongés secrètement par le mal qu'elle redoute le plus au monde... (A suivre...)