Résumé de la 1re partie - Aussi bien ses voisins que ses collègues ne comprennent pas qui peut en vouloir à Federico N., un homme discret et sans histoire... Deux mai 1993, quatorze heures. À bord d'une voiture toutes sirènes hurlantes, le commissaire Felipe Lopez arrive devant l'entrée d'un grand jardin public de la capitale espagnole. Les policiers écartent l'attroupement qui s'est formé pour lui laisser le passage... Le crime a eu lieu sur un banc. La victime est un jeune homme de vingt-cinq ans environ. D'après ses papiers, il s'appelait José F. et il était étudiant. Les policiers n'ont pas touché au corps. Il est dans la position où la mort l'a surpris : la tête penchée sur le côté gauche, une large tache sur la chemise à hauteur du cœur. À terre, un journal plié en quatre et un stylo-bille. Il est ouvert à la page des mots croisés. Le commissaire peut voir la grille inachevée et maculée de sang : un détail tragique et dérisoire... Un agent s'approche du commissaire, une bande de papier à la main. «Voici ce qu'on a trouvé dans sa poche droite.» Un rapide coup d'œil suffit : les lettres découpées dans un journal composent la phrase JUSTICE EST FAITE... L'enquête qui suit est plus désespérante encore que pour le premier meurtre. José F. était aussi transparent que Federico N. Au cours de sa brève existence, il n'a rien fait, semble-t-il, qui puisse attirer l'attention. Fils de paysans modestes, mais doué pour les études et travailleur, il a obtenu une bourse pour aller à l'université de Madrid. Dans sa vie privée, il n'y a rien d'extraordinaire non plus. Ce jeune homme sage était fiancé depuis un an et allait se marier. Manuela J., la fiancée en question, ne comprend rien à ce drame. Pourtant, c'est elle qui connaissait le mieux le disparu.«Voyons, mademoiselle, réfléchissez. Vous êtes sûr qu'il ne se droguait pas ? — José ? Quelle horreur ! — Il aurait pu le faire sans que vous le sachiez. Vous ne l'avez jamais trouvé bizarre ? — Absolument pas. — Est-ce que, par hasard, un autre garçon aurait été jaloux de vos fiançailles ? — Je ne vois vraiment personne. — Est-ce que votre fiancé faisait partie d'une bande comme il y en a à Madrid ? — Jamais de la vie ! — Est-ce qu'il faisait de la politique ? — Pas du tout. Il s'en désintéressait complètement. — Alors, vous n'avez aucune idée ? — Aucune... Pourquoi lui ? Je ne comprends pas !» «Pourquoi lui ?» La police madrilène se pose inlassablement la question, en même temps qu'une autre, qui vient de surgir avec ce nouveau meurtre : les deux victimes ont-elles un point commun ? Et cette seconde interrogation est peut-être plus irritante encore que la première. À part leurs vies rangées, rien, en apparence, ne rapprochait Federico N. de José F. : ni leur âge, ni le quartier qu'ils habitaient, ni leurs fréquentations, rien ! Alors, l'hypothèse d'un tueur fou, qui frappe n'importe qui, n'importe quand, n'importe où, uniquement pour tuer, est de plus en plus probable. Et il est malheureusement presque certain qu'il va recommencer. Samedi 8 mai 1993, quinze heures. Le commissaire Felipe Lopez regarde avec consternation la silhouette blanche allongée sur le sol. (A suivre...)