Charge Même déchu, l?ancien dictateur irakien, Saddam Hussein, est craint par ses anciens collaborateurs qui ont refusé de témoigner contre lui. Les procureurs chargés de préparer le dossier d'accusation de l?ex-président irakien trouvent toutes les peines du monde à recueillir des témoignages et des preuves contre celui-ci. Ils n?arrivent pas, de ce fait, à démontrer que l'ancien dictateur irakien est responsable d'atrocités, rapporte ce matin le quotidien The Times citant une source officielle britannique. La même source rapporte que les 40 dignitaires de l'ancien régime arrêtés par la coalition ne sont pas en mesure de témoigner contre Saddam qui, semble-t-il, a toujours de l?influence sur eux, même confiné dans une cellule en prison. Les anciens hauts responsables redoutent une vengeance contre les membres de leur famille. «Il est craint», explique un responsable qui a requis l'anonymat, ajoutant que «Saddam peut être en prison, mais les autres détenus savent par expérience que s'ils sont témoins à charge, la vengeance s'abattra sur les membres de leur famille». Avant son arrestation spectaculaire, l'ancien dictateur renversé en mars 2003 a pris le soin de dissimuler toutes les preuves écrites de sa responsabilité directe dans des crimes de guerre et contre l'humanité toujours selon le Times. Le responsable britannique reconnaît que «Saddam était très malin pour se blanchir, ce qui signifie que les décisions étaient filtrées jusqu'aux niveaux inférieurs, rendant difficile toute preuve de sa responsabilité directe». L?ancien chef de l?Etat irakien avait pris toutes les dispositions pour que son procès soit des plus difficiles. Il continue, de ce fait, à donner du fil à retordre aux Américains qui le détiennent emprisonné dans un lieu secret depuis sa capture le 13 décembre dernier. Il doit être jugé avec d'autres membres de l'ancien régime par un tribunal spécial irakien. Les griefs retenus contre lui ont trait à la persécution des chiites du sud de l'Irak dans les années 1980 et 1990, ainsi que les crimes de guerre contre le Koweït. L'Iran sera également de la partie. Le pays des mollahs préparerait un dossier contre lui pour tortures contre des prisonniers iraniens durant la guerre qui a opposé les deux pays entre 1980 et 1988. La pléiade d'avocats engagée par la famille de Saddam Hussein s?est plainte, de son côté, de ne pas avoir pu rencontrer son client et a accusé les autorités américaines de le détenir en violation de la Convention de Genève sur les droits des prisonniers.