Convoitise La ville a, de tous temps, attiré les colonisateurs et les occupants de différentes races et religions. Depuis 903, année de sa fondation, le vieil Ouahran a connu une histoire mouvementée, de nombreuses dominations et une alternance de prospérité et d?infortune. Mais de cette histoire tumultueuse, elle conserve peu de vestiges. Dans son organisation urbaine comme dans son architecture, elle affirme surtout les influences européennes qui la transformèrent profondément sous le régime français, jusqu?aux dernières années qui précédèrent l?indépendance. En témoignent, par exemple, les immeubles modernes du Front de mer. On a voulu faire passer Oran pour une ville devenue fantôme après le départ des Français. Il est vrai qu?ils furent quelque 300 000 à quitter la ville et qu?une telle et soudaine disparition créa des problèmes. Mais Oran a repris aujourd?hui son visage de grande ville méditerranéenne, animée, bruyante et contrastée. Sidi El-Houari ou Sidi Mohamed Benamar, le saint patron de la ville, veille depuis plus de cinq siècles de son mausolée sur Oran qu?il aima et exécra par-dessus tout. Sidi El-Houari tourmenté et qui ne se consolera jamais de l?assassinat de son fils Ahmed, buveur et noceur irréductible. Ahmed qui, dans son immense ivresse, tenta de dévoiler une jeune mariée. Suprême injure à la famille de la jeune femme qui se vengea sur Ahmed en lui portant des estocades jusqu?à ce que mort s?ensuive. Touché dans sa chair, Sidi El-Houari, le saint homme de l?exégèse, le philosophe et le soufi, maudira Oran et ses habitants qui sera occupée dès 1509 par les Espagnols? Libérée des jougs espagnol, turc et français, Oran est devenue ville carrefour dans l?économie méditerranéenne, centre stratégique entre l?Afrique et l?Europe. Elle constitue un atout d?importance dans le défi au sous-développement lancé par les autorités depuis plusieurs années. L?accélération de sa prospérité est certaine ; dans la mouvance d?Oran, à Arzew, des installations sidérurgiques et des établissements de liquéfaction du gaz saharien constituent la garantie d?une activité croissante. La ville d?Oran, aujourd?hui confrontée à une démographie galopante et à de plus hautes ambitions, révèle une population qui, après avoir témoigné dans le «silence, la flamme et l?immobilité» (A. Camus), accorde son destin à une vocation venue de la nuit des temps. Le même Albert Camus qui, souffrant, a séjourné dans les années 1950 à Oran où il rédigea son roman La Peste. Albert Camus, qui n?aima pas la ville et qu?il dénigra tout au long de son séjour, dira d?elle : «Oran, une ville qui tourne le dos à la mer.»