Responsabilité - La résolution du conflit incombe à l'ONU, mais la clé de sa résolution est entre les mains de la France et des Etats-Unis. Les USA, «même s'ils ne reconnaissent pas la souveraineté du Maroc sur le territoire sahraoui, ont permis à ce dernier de conforter sa position», estime Yahia H. Zoubir, professeur en relations internationales et management à Euromed, directeur de recherche spécialiste en géopolitique dans son ouvrage intitulé Le conflit du Sahara occidental : enjeux régionaux et internationaux. Pour lui, les ingrédients qui favorisent le statu quo «sont contenus dans les résolutions onusiennes, qui réaffirment le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui et en encouragent, en même temps, ce dernier à rechercher avec le Maroc une solution politique mutuellement acceptable pour les deux parties». Autrement dit, chaque partie a un droit de veto, même si l'avantage est accordé au Maroc. Et là, faudrait-il le noter, la France demeure l'obstacle majeur à toute solution juste au conflit du Sahara occidental. Aucun des gouvernements qui se sont succédé aux destinées de ce pays depuis 1975, n'a jamais caché son opposition à un Etat sahraoui qui serait indépendant. L'émergence d'un tel Etat est en effet perçue par les Français comme un facteur de déstabilisation du royaume chérifien, au sein duquel la France a d'énormes intérêts, politiques, économiques, militaires et culturels. «Avec près de 70 % du total des investissements étrangers directs au Maroc, la France en est le premier partenaire commercial et le principal investisseur», lit-on encore dans l'ouvrage du professeur en relations internationales et management à Euromed. Une position qui n'a pas bougé d'un iota même avec la venue des socialistes au pouvoir. «La position de la France reste inchangée concernant le dossier du Sahara occidental», a déclaré récemment, à Rabat, Pascal Canfin, ministre français chargé du Développement, cité par l'agence MAP, à l'issue d'un entretien avec Youssef Amrani, ministre marocain, délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. «Nous appuyons (...) le plan d'autonomie marocain qui est pour nous la seule proposition crédible sur la table des négociations», a-t-il souligné. S'agissant des USA, ils ne sont, a priori, pas opposés à l'exercice du droit à l'autodétermination des peuples, mais pour le cas du Sahara occidental, ce sont les considérations géopolitiques qui leur dictent leur position. Ainsi, il y a eu des moments, comme à la fin des années 1980, où ce pays n'était pas défavorable à l'émergence d'un Etat sahraoui indépendant. En 2003 aussi, les USA étaient favorables au Plan Baker II, par lequel les Sahraouis auraient bénéficié d'une autonomie, pendant une période de cinq ans, avant la tenue d'un référendum d'autodétermination incluant l'indépendance parmi les trois options soumises. Les Marocains s'y sont opposés, malgré l'avantage numérique des colons marocains sur le territoire. A l'époque, l'Administration Bush avait promis de l'imposer au Conseil de sécurité. La menace du veto de la France a fait reculer les Etats-Unis, en pleine guerre d'Irak. Une fois de plus la France court au secours des Marocains, au détriment du droit de tout un peuple de vivre dans la liberté et la dignité.