Drame - Essoussa est l'intitulé de la pièce, présentée, hier, au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi, par la coopérative «Fen el-Massrah». Ecrite par Sid Ali Bouchafaâ et mise en scène par Djamel Guermi, la pièce, soutenue par le ministère de la Culture, est un psychodrame teinté d'une pointe tragicomique mettant en scène la relation souvent tendue entre la bru et ses beaux parents, ainsi que les problèmes d'héritage pouvant conduire jusqu'au drame familial. Dans un décor unique, représentant l'intérieur d'une habitation, où le jeu d'acteurs a été concluant dans son ensemble, exploitant les accessoires et les espaces scéniques de manière intelligente, la pièce raconte l'histoire de Youcef qui, avec sa femme, vit chez ses parents. Les rapports entre la belle-mère avec sa bru sont tendus. La belle-fille va faire en sorte de remonter son mari, Youcef, contre ses parents. Celle qui ne fait pas preuve de bienséance à l'égard de ses beaux-parents va agir de manière à ce que Youcef parvienne à convaincre son père de signer un acte notarial pour lui céder la maison familiale et le commerce. Ainsi, la pièce aborde un sujet social pertinent, «très répandu, chez les familles algériennes notamment, où l'héritage devient la cause de la dégradation des relations entre les membres d'une même famille», explique Djamel Guermi. «A travers cette pièce, nous voulons démontrer que le théâtre n'est pas uniquement un spectacle, un divertissement, il a aussi pour rôle d'aborder des phénomènes sociaux», souligne-t-il, et d'ajouter : «Nous voulons que ce soit une pièce uniquement et typiquement algérienne, à travers laquelle le public pourra s'identifier. Nous développons ce genre de théâtre avec un langage compris par tous (l'arabe dialectal), dépourvu de philosophie ou de discours, c'est-à-dire un théâtre où est racontée une histoire populaire.» Djamel Guermi est metteur en scène. Mais avant, il était comédien – et il l'est toujours. Interrogé sur le passage du comédien au metteur en scène, Djamel Guermi répond : «La mise en scène est la direction d'acteurs, un metteur en scène, qui a un passé de comédien, peut remplir cette fonction. Puisque le metteur en scène a de l'imagination, cette imagination artistique vient de l'expérience, c'est-à-dire de ses années de pratique théâtrale en tant que comédien.» D'un rôle à l'autre, d'un personnage à l'autre, d'une situation scénique à l'autre, le comédien parvient, en s'appuyant sur son expérience, à développer son imagination et arriver, en conséquence à faire de la mise en scène. «Là, j'arrive à diriger les comédiens parce que moi-même étais comédien (et je le suis toujours), car je sais comment ça se passe, j'arrive à cerner la psychologie du comédien, à m'adapter à sa personne et à son comportement, j'arrive à mettre en place, lors de la mise en scène, une relation de confiance, un rapport de travail d'égal à égal avec un comédien ; il s'agit d'un rapport professionnel», dit Djamel Guermi, qui est à sa 15e mise en scène et ce, depuis 5 ans. - Djamel Guermi est enseignant. Il donne des cours théoriques et pratiques de théâtre à l'Institut d'art dramatique. Son côté de pédagogue fait qu'il anime des ateliers de formation en direction des jeunes amateurs de l'art des planches. «Au fil des années, mon expérience m'a permis d'aiguiser les outils de travail que j'ai acquis au cours de mon parcours et les formations que j'ai dispensées. Cela m'a permis – et me permet – de gérer un groupe d'acteurs», souligne-t-il, et de poursuivre : «Le comédien est une école, une étape importante pour passer à celle de metteur en scène.» Selon Djamel Guermi, la plupart des metteurs en scène sont des comédiens. Il faut avoir un contact direct et pratique avec la scène. Il faut avoir de l'imagination pour composer des concepts et les mettre en pratique.