Moyens - Vingt-quatre ans après la chute du Mur de Berlin, des Etats européens continuent, en effet, de s'emmurer pour repousser, cette fois-ci, des migrants fuyant la mort et la misère. C'est l'Espagne qui a ouvert le bal en érigeant, en 1998, à Melilla, quelque 12 kilomètres de clôtures parallèles de 6 mètres de hauteur couronnées de barbelés le long de sa frontière avec le Maroc. Trois ans plus tard, une autre barrière longue de 8 kilomètres verra le jour à Ceuta, l'autre ville autonome ibérique située sur la côte africaine. D'un coût global de 63 millions d'euros financés en partie par l'Union européenne, la construction de ces clôtures de la honte était bien évidemment destinée à lutter contre l'émigration clandestine en provenance d'Afrique. En 2012, la Grèce marche sur les traces de l'Espagne et construit, à son tour, un mur barbelé de 12,5 kilomètres afin de stopper les flux de migrants venant de la Turquie voisine. Même si elle a refusé de financer le projet qui a coûté à la Grèce 3 millions d'euros, l'Union européenne a tout de même prévu des fonds pour l'accueil des réfugiés. Depuis la construction de ce mur barbelé, de nombreux candidats à l'émigration, dont des Algériens, ont perdu la vie en essayant de traverser à la nage le fleuve Evros qui sert de frontière naturelle entre la Grèce et la Turquie. Selon des médias turcs, cette barrière est tout simplement inutile étant donné que les passeurs «ont trouvé une nouvelle porte d'entrée vers l'Europe à travers la Bulgarie». Une alternative qui risque de devenir bientôt incertaine, car les autorités bulgares prévoient, de leur côté, d'ériger une barrière d'une longueur de 30 kilomètres et haute de 3 mètres. Le projet, qui a été rendu public récemment, vise surtout à enrayer l'arrivée «massive» des Syriens. «L'objectif n'est pas de les repousser. Il s'agit de mieux contrôler, car en l'état actuel des choses, nous ne pouvons pas déployer des patrouilles de police dans toute cette zone», a tenté de se justifier le vice-ministre bulgare de l'Intérieur. Comme pour conforter ces pays dans leur démarche, le Parlement européen a donné, il y a quelques semaines, son aval à la mise en place d'Eurosur, un système de prévention des mouvements de migrants. Officiellement, Eurosur dont le déploiement coûtera 35 millions d'euros par an, est destiné à «éviter des tragédies» comme celle qui s'est produite récemment à Lampedusa. Mais dans les faits, il n'est qu'un moyen de plus pour contrôler les mouvements migratoires. Comme quoi, tous les moyens sont bons pour empêcher les migrants pauvres de rejoindre l'Europe.