Résumé de la 8e partie n Lulu-Mystère accuse Chantal de lui avoir volé ses bas de soie... Une broche, ça ne s'use pas, tandis que mes bas !. Rends-les-moi ; je sais qu'ils sont dans ton sac. — Menteuse ! — Je vais t'apprendre à te pavaner dehors avec les affaires des autres ! Ce n'est pas parce que Mademoiselle le fait à la pose dans les bars et devant les clientes que l'on oublie qu'elle vient de l'Assistance publique ! Chantal avait écouté, blême, cette dernière attaque de Lulu. D'un geste elle agrippa les cheveux d'ébène de la fille à la peau mate et tira de toutes ses forces. Les deux filles roulèrent sur le tapis. Brusquement, la porte de la cabine s'ouvrit et la voix du «Singe» domina le tumulte de la bagarre : — Chantal ! Lulu ! Où vous croyez-vous ? Cette phrase, lancée par la voix rauque de Mme Royer - le Singe pour ces demoiselles arrêta net l'élan des combattantes. — Chantal, suis-moi au bureau : j'ai à te parler. Chantal, les cheveux ébouriffés, suivit la directrice qui l'observa longuement en silence après avoir refermé derrière elle la porte de son bureau. — Regarde-toi dans cette glace ! lui dit Mme Royer en se décidant enfin à parler. Arrange un peu ta coiffure. Je t'ai donné, tout à l'heure, un avertissement pour ton retard ; maintenant je t'octroie tes huit jours. Tu partiras vendredi prochain. Essaie de te caser ailleurs. En tout cas, je te préviens dès maintenant que tu n'emporteras aucune robe en partant, sinon j'envoie la police à tes trousses. Je t'avais donné. une occasion inespérée de réussir le jour où je t'ai retirée de ce dancing Montparnasse pour t'offrir une place de grand mannequin. En vingt-quatre heures tu as gravi un degré de l'échelle sociale, avec la chance de pouvoir être toujours bien habillée — Ce n'est pas le moment de me donner des leçons de morale ! lui répondit Chantal, l'air mauvais. Ne vous faites pas meilleure que vous n'êtes... Je sais très bien, moi, pourquoi vous m'avez fait entrer dans votre sale «boîte» ! — Tais-toi ! — Non ! Si les clientes étaient là, je crierais encore plus fort ! Tout Paris connaît vos goûts... Chantal était sortie en claquant la porte. Elle rentra à pied à l'hôtel de la rue Victor-Massé, où elle avait élu domicile depuis qu'elle était devenue mannequin. En montant lentement la rue Pigalle, elle revoyait les événements de la journée. La conclusion très nette de ses pensées fut qu'elle en avait assez, qu'elle devait en sortir coûte que coûte, une bonne fois pour toutes. Le seul moyen était bien celui que lui avait indiqué le Singe : trouver le monsieur sérieux, pourvu d'un solide compte en banque. Elle y avait pensé souvent depuis l'âge de dix-sept ans. Contrairement à ce que croyait la directrice de «Marcelle et Arnaud», elle n'avait même fait que cela : chercher l'oiseau rare. A suivre Guy des Cars