Résumé de la 16e partie - Chantal reçoit madame Royer dans son somptueux appartement... Je vais être très indiscrète et un peu curieuse, comme toutes les femmes. Peut-on vous demander quel miracle s'est opéré dans votre existence ? — Aucun. J'ai simplement suivi vos conseils. Vous savez bien : l'ami sérieux... — A en juger par l'appartement, il doit être en effet très sérieux ! Il habite ici ? — Vous ne voudriez pas ! Je le vois le moins possible. — Vous tenez là le vrai secret du bonheur. — D'ailleurs, vous le connaissez. C'est le mari de l'une de vos clientes, Mme Berthon. — Non ? Mme Royer était stupéfaite. Comment se pouvait-il qu'elle ne se fût aperçue de rien ? Elle s'en voulait. — Si je vous confie son nom aujourd'hui, poursuivit Chantal, c'est que ça n'a plus grande importance. Jacques m'a donné assez de garanties pour que je puisse entrevoir la vie avec un certain optimisme... Et je vous sais beaucoup trop commerçante pour que vous vous avisiez d'en parler à sa femme. Le résultat pratique serait pour la maison «Marcelle et Arnaud » de perdre ses deux meilleures clientes. — Et c'est le grand amour ? — De sa part, oui... De la mienne, ne m'en demandez pas trop ! L'amour est bon pour une mansarde, quand on n'a pas les moyens de s'offrir d'autres distractions. — Vous vous montrez tout de même gentille avec lui ? — Pas trop ! Les hommes n'apprécient pas les femmes gentilles. Restée seule, Chantal s'allongea selon son habitude, sur un divan en grillant une cigarette et en regardant au plafond. Le dimanche, pour elle, était un jour merveilleux : elle n'avait aucune chance de voir son commanditaire arriver à l'improviste. Comme tous les maris bien élevés, M. Berthon consacrait cette journée à son épouse. Il fallait reconnaître qu'il n'était pas trop gênant et assez discret pour s'annoncer toujours par un coup de téléphone. Ses jours de prédilection étaient le lundi et le jeudi. Le lundi, sans doute pour se reposer d'avoir subi pendant toute la journée du dimanche la présence de Mme Berthon, le jeudi peut-être en souvenir de l'époque, déjà lointaine, où il faisait, ce jour-là, l'école buissonnière. Mais tout homme est mortel ; que se passerait-il si Jacques Berthon disparaissait ? Chantal avait trop souffert du manque d'argent jusqu'à ce jour pour ne pas assurer son avenir. Dire crûment ces choses au bonhomme était délicat et dangereux : il commençait déjà à avoir quelques doutes sur la nature des sentiments que sa tendre amie nourrissait à son égard. (A suivre...)