Volume - Le secteur de l'industrie représente seulement 4 % du marché national. C'est ce qu'a déclaré à InfoSoir, le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du textile et du cuir (FNTTC-UGTA), en marge de la foire du produit national. «C'est un taux dérisoire et même si je dois choquer je dirai que c'est plutôt catastrophique», a poursuivi Amar Takjout. Il explique : «Nous avons un potentiel industriel qu'il faut exploiter pour atteindre un taux de 10 % dans les dix (10) années à venir.» Pour ce faire, estime notre interlocuteur, «il est nécessaire, à court terme, d'aller vers l'accroissement de la production qui existe, mais aussi de favoriser l'émergence et la création de nouvelles entreprises», cela d'une part. D'autre part, «il est impératif d'améliorer le climat d'affaire gangrené notamment par d'énormes problèmes à savoir la bureaucratie, le problème du foncier et ce, pour encourager les nouveaux investissements dans ce secteur qui peine à décoller». Le nombre d'entreprises industrielles reste très faible, selon M. Takjout qui évalue leur nombre au niveau national à environ une centaine, alors qu'elles étaient plus de deux cents durant les années 80. «Elles sont nombreuses à avoir mis la clé sous le paillasson, d'autres ont été liquidées sans qu'il y ait une reprise, dans le temps, de ces usines.» «Nous réclamons depuis 2006 un plan d'assainissement et la relance du secteur, avec possibilité de réouverture de certaines usines qui ont dû, sous le poids des dettes, mettre la clé sous le paillasson», a insisté M. Takjout. Où en est-on aujourd'hui ? «Il faudrait que les pouvoirs publics fassent à chaque fois une évaluation. Puisque quand on ne fait pas de bilan et de halte on risque de tourner en rond.» L'industrie du textile, si elle est relancée, peut générer des milliers, voire des dizaines de milliers d'emplois, dit-il, tout en reconnaissant que l'argent à lui seul ne suffira pas à faire renaître un secteur moribond. «La relance du secteur exige une batterie de mesures et une stratégie basée notamment sur la formation et une politique de marketing offensive. Il faut investir dans la formation, car le secteur a, depuis 1990, perdu une bonne partie de son personnel qualifié. Il faut également revoir, notamment dans la confection, les méthodes de travail et faire appel à des professionnels des écoles des Beaux-Arts, des stylistes et modélistes», précise-t-il, espérant que les managers des entreprises publiques vont adopter une stratégie plus offensive. M. Takjout n'a pas manqué de parler du circuit de la commercialisation, indispensable pour le secteur. Le SG de la FNTTC qui estime que des entreprises comme District et Enaditex doivent être relancées, pense que l'Etat doit renforcer la lutte contre la contrefaçon et mettre des barrières strictes pour préserver et encourager la production nationale. «On n'a pas le droit de mettre autant d'argent sans mettre des garde-fous qui vont assurer la régulation du marché», relève-t-il, suggérant, entre autres, l'instauration de quotas pour l'importation des produits manufacturiers qui dépasse actuellement les 5 milliards de dollars. A titre d'exemple, l'Algérie importe pas moins de 34 millions de chaussures par an.