Résumé de la 40e partie - Son guide conduit Chantal chez Jeff qui, d'après lui, a un caractère exécrable... L'interne lui prit le bras. en lui chuchotant : — Attention ! II nous a vus. Le malade venait de se retourner : il avait dû entendre l'exclamation de Chantal et se rua sur la porte qu'il ouvrit en hurlant comme un damné : — Qu'est-ce que vous faites là ? Je n'ai pas besoin qu'on vienne me regarder comme une bête curieuse ! Compris, le toubib ? Faites votre boulot, c'est tout ce qu'on vous demande... Il referma la porte vitrée en la faisant claquer avec violence et tourna le dos pour se pencher de nouveau sur son petit établi installé devant la fenêtre. Devant cette apparition, Chantal n'avait pus s'empêcher de reculer d'horreur : M. Jeff n'avait plus de nez. — Je m'en voudrais de vous faire terminer cette visite domiciliaire sans vous avoir présenté la doyenne de nos pensionnaires, la mère Catherine qui est Française et même Parisienne. Elle a 78 ans, ce qui va nettement contre l'affirmation qui veut que les lépreux meurent jeunes. J'en arrive même à croire que la bonne femme a été conservée par sa lèpre ! Je n'ouvrirai pas la porte : sa chambre est infestée de vermine. Vous la voyez accroupie... Elle vit dans ce coin. Il n'y a pas moyen de la faire s'asseoir sur une chaise ou s'allonger sur un lit. Cette femme-là a toujours dû être assise par terre, recroquevillée à la manière des Arabes ou des Orientaux. Nous n'avons jamais pu obtenir d'elle qu'elle se lave elle est couverte de tous les parasites de la terre, à tel point que nos autres pensionnaires la fuient comme la peste. Nous avons bien essayé les grands moyens, la douche forcée, mais elle a poussé de tels cris et fait une telle comédie à chaque séance que nous y renonçons. La mère Catherine veut vivre et mourir dans sa crasse. — Et sa lèpre ! — Oui. Elle n'a pas quitté sa chambre depuis un an que nous l'y avons amenée. — Où habitait-elle avant ? — Dans un logis sordide au Pré-Saint-Gervais. Les voisins qui - Dieu sait ! - n'étaient pas des affinés, se sont plaints de l'odeur nauséabonde qu'elle répandait. Elle a été embarquée par un car de police et le service sanitaire de la Préfecture s'est tout simplement aperçu qu'elle avait la lèpre : son corps, qu'elle cache sous ses hardes n'est qu'une plaie. Elle ne veut subir aucun traitement. — Qu'allez-vous faire ? — La laisser mourir tranquillement, puisque c'est son désir. — C'est abominable, docteur. II faut faire quelque chose pour cette femme. — Si le cœur vous en dit, ouvrez la porte... Et essayez de la raisonner. (A suivre...)