Résumé de la 38e partie - Chantal, la pseudo-journaliste, écoute avec beaucoup d'attention les explications de son guide... Chantal n'était pas très à son aise et préféra changer de conversation. — Tous les malades qui attendaient la consultation habitent ici ? demande-t-elle. — Quelques-uns seulement : ceux qui sont en période contagieuse les autres sont des malades qui habitent chez eux et viennent se faire soigner. — On, les laisse en liberté ? — En France, Madame, aucune loi n'oblige un lépreux à vivre en dehors de la communauté des autres hommes. Cette loi existe dans certaines îles du Pacifique, mais pas chez nous. — C'est de la folie pure ! s'écria Chantal. Ces lépreux en liberté peuvent communiquer leur maladie à tout notre pays. — Heureusement, Madame, la lèpre n'est pas aussi contagieuse qu'on veut bien le faire croire. Il est indispensable que vous sachiez tout cela avant d'écrire vos articles. Les gens ont peu écrit et surtout dit énormément de bêtises sur la lèpre. Ceux qui en parlent sans savoir sont des criminels, qui font un tort terrible aux lépreux eux-mêmes ou à ceux qui veulent les guérir. C'est ainsi que l'on s'est avisé qu'il y avait des lèpres ouvertes, répandant des bacilles ; et des lèpres fermées comme il y a des tuberculoses ouvertes et des tuberculoses fermées, des lépreux contagieux et des lépreux non contagieux. Pourquoi enfermer ces derniers plutôt que les premiers ? Pourquoi les lépreux ne viendraient-ils pas se faire traiter librement dans des consultations d'hôpitaux et dans des dispensaires ? Nous n'enfermons pas les tuberculeux, ni les syphilitiques. Il y a autant de raisons de les enfermer que les lépreux. Mais voilà le mal : ils sont trop... La lèpre est une maladie comme les autres, traitable, curable. Malheureusement, on ne le sait pas. C'est à nous, qui cherchons, et à vous, journalistes, qui avez pour mission de faire l'opinion, d'instruire le monde. Certes, le traitement de la lèpre, tel qu'il est aujourd'hui, ne vaut pas celui de la syphilis, mais il dépasse celui de la tuberculose. Chantal commençait à écouter ce garçon calme avec une sorte d'admiration grandissante. La pâleur du visage émacié semblait avoir augmenté au fur et mesure que l'homme parlait. — Combien soignez-vous de malades actuellement ? demanda la pseudo-journaliste. — Nous en avons toujours une trentaine à demeure dans le pavillon les contagieux certains. Nous en comptons à peu près 200 qui circulent librement dans Paris et qui viennent se faire soigner plus ou moins régulièrement. — Combien estimez-vous qu'il y a de lépreux à Paris et en France ? — Certainement quelques milliers qui ne se sont pas déclarés et qui se cachent pour les raisons stupides que je vous ai exposées. Ils sont très difficiles à recenser, tant que les médecins n'ont pu leur faire établir une fiche à la préfecture de police. (A suivre...)