Résumé de la 39e partie - Le guide de Chantal l'informe que quelques milliers de lépreux ne se sont pas déclarés... Les médecins sont tenus de déclarer tous les cas de lèpre constatés par eux ? — Oui ; sous peine des sanctions les plus graves. C'est à peu près la seule protection, assez illusoire, qui existe en France contre l'extension de la maladie. On est tenu de déclarer le nom et l'adresse du lépreux, comme on déclare les cas de diphtérie. Chantal réfléchissait le Dr Petit n'aurait pas pu garder le secret professionnel le jour où elle serait devenue contagieuse. Heureusement, elle était sûre maintenant d'être la victime d'une monstrueuse erreur. Depuis qu'elle venait de voir de vrais lépreux, aucun doute n'était plus possible. — Avez-vous des malades qui ne quittent jamais leurs chambres ? Quelques-uns : les plus contagieux : nous allons monter, les voir au premier étage. — Les lépreux que vous soignez ici sont de race blanche ? — Oui. Vous les avez vus. Généralement, ils ont pris leur lèpre, dans les pays tropicaux. Bien que, ces dernières années, nous ayons enregistré neuf cas contractés par des Français n'ayant jamais quitté la métropole, uniquement au contact de coloniaux ou même de marins revenus lépreux dans la mère patrie sans s'en douter. En un éclair, Chantal revit la physionomie du marin breton qui lui avait fait cadeau d'Iru : ce garçon n'avait aucune marque extérieure, elle, s'en souvenait très bien, il était parfaitement constitué, sain et solide. Le couloir du premier étage donnait, de chaque côté, sur des portes vitrées permettant de surveiller, l'intérieur des chambres. L'interne s'arrêta devant l'une de ces portes et désigna l'occupant qui tournait le dos et semblait très absorbé par un travail de menuiserie. — Je vous présente M. Jeff... Il était débardeur à Saigon. Il est ici depuis sept années : je le crois inguérissable. Ne faites pas de bruit il a un caractère exécrable, comme la plupart de ses confrères ; s'il voit qu'on le regarde, il entre dans de violentes colères il n'admet pas qu'on puisse avoir à son égard même un regard de pitié. Et Dieu sait ! Si vous voyiez son visage ! — Que fait-il ? Il bricole, il s'occupe toute la journée. Nous lui donnons de petits travaux à exécuter pour le pavillon ; nous le rétribuons. Ce qui lui permet d'acheter des timbres-poste : c'est un philatéliste distingué. — Il a le droit de sortir ? — Nous ne pouvons pas l'en empêcher. Les heures où il n'est pas ici, vous êtes certaine de le rencontrer au marché aux timbres, avenue Marigny. — C'est effrayant ! avoua Chantal. Quand on pense qu'il y a tellement d'enfants à hanter ce marché ! (A suivre...)