Résumé de la 33e partie - Yamina a tenu à Abderrezak des propos si justes et si sincères qu'elle a réussi à le consoler et à lui rendre le sourire. Un véritable exploit parce que c'est la première fois qu'il sourit de nouveau. Fouad qui conduit en silence, sursaute en entendant les derniers propos de sa sœur. Il serre à droite et s'arrête. — Qu'est-ce qui se passe, Fouad ? Une panne ? — Oui, il y a une panne, mais dans ma tête. — Une panne dans ta tête ? Le jeune homme émet un long soupir puis regarde sa sœur assise à côté de lui. — Que racontes-tu, Yamina ? Tu veux épouser un handicapé ? Yamina se contente de le regarder en silence. — Mais que vont dire les voisins quand ils sauront que ma sœur qui est prof à la fac a épousé un handicapé ? Yamina continue de regarder son frère cadet un bon moment avant de lui répondre : — Abderrezak n'est pas handicapé. Il lui est arrivé un malheureux accident qui peut arriver à n'importe qui pour peu que celui-ci croise sur sa route un criminel du volant ! Un fou du volant ! Et mon Dieu ! les fous du volant, il y en a ! A tel point que maintenant lorsqu'on sort de sa voiture sain et sauf après un déplacement, il faut prier et remercier Notre Créateur. Cela peut m'arriver aussi, cela peut t'arriver... Nul n'est à l'abri d'une de ces mauvaises surprises de la vie. Quant à ce que diront les voisins, mon petit frère si tu savais à quel point je m'en fous de ce que pensent ou diront les voisins... Tu es plus jeune que moi et tu ne te rappelles pas beaucoup ce que nous avons souffert. Ce ne sont pas ces voisins qui nous ont donné à manger lorsque nous n'avions pas un seul dinar à la maison ! Et tu as vu tes oncles... Fouad ne répond pas. Il se contente de redémarrer. Il regarde l'asphalte ce qui l'empêche de voir les larmes de sa sœur pendant un bon moment. Lorsqu'il les voit, il s'arrête. — Que se passe-t-il encore, Fouad, demande Dahbia assise à l'arrière et qui est restée silencieuse jusque-là. — J'attends de me remettre de mon émotion, mère...Je viens de causer du chagrin à Yamina et je lui demande pardon... — Non, non, petit frère, tu ne m'as pas causé de chagrin... Je me suis juste rappelé certains mauvais souvenirs. Une dizaine de jours plus tard, Abderrezak sort de l'hôpital, dans un fauteuil roulant. C'est un samedi. Le lendemain soir, sa mère téléphone à Dahbia pour lui dire que son fils ne veut pas commander de prothèse et qu'il a décidé de s'enfermer à la maison pour le restant de ses jours. (A suivre...)