Résumé de la 43e partie - Quand Chantal confie au Dr Ramelot sa crainte d'avoir la lèpre, ce dernier fait immédiatement un prélèvement... Le retour de l'infirmière interrompit le Dr Ramelot qui jeta un coup d'œil sur la feuille de papier que lui tendait son assistante. Après un court silence, il congédia la garde et dit simplement à Chantal : — Madame, le professeur Chardin ne s'était pas trompé. Cette fois, la jeune femme n'éclata pas en sanglots. Elle avait trop pleuré la veille ; sa source de larmes était tarie. Elle se leva sans prononcer une parole et se dirigea vers la porte. Au moment où elle allait la franchir, elle eut la force de se retourner et de dire, dans un sourire, au médecin-chef : — Je vous remercie de votre accueil, docteur, et de votre compréhension. Nous ne nous reverrons certainement pas ; aussi je vous demande de ne jamais parler de ma visite à qui que ce soit. J'aimerais emporter La Psychologie des Lépreux.. Je crois que je vais en avoir plus besoin que si j'étais journaliste. Il n'y a rien de tel que d'être dans la peau d'un personnage pour bien le comprendre... Dans quelque temps, je vous écrirai pour vous dire si votre livre était vrai. — Vous devriez retourner voir le professeur Chardin. Il peut vous soigner mieux que moi ici, ce sera fait avec discrétion. Il y a trop de monde dans un hôpital, trop de gens qui vont et qui viennent, qui entrent et qui sortent. J'ai très bien compris que ce n'était pas ce qui vous convenait. Il est préférable que ce soit votre médecin habituel qui vous déclare à la Préfecture de police. Ici, toute déclaration faite par nos services devient trop vite officielle. Tout en parlant, le Dr Ramelot avait remis son ouvrage à Chantal. — Maintenant que vous connaissez mon terrible secret, docteur, je suis curieuse de savoir quelle dédicace vous allez me mettre ? — Vous y tenez absolument ? demanda le médecin-chef avec une certaine hésitation... Promettez-moi de ne la lire que lorsque vous aurez franchi le portail de l'hôpital ? — Je vous le promets. Le Dr Ramelot écrivit rapidement quelques mots sur la page de garde et lui rendit le livre, après l'avoir refermé. Chantal repassa rapidement devant la file des malades qu'elle n'osa même pas regarder. Elle courait presque en traversant les cours intérieures du vieil hôpital. Quand elle se retrouva dans la rue Richerand, au grand air, débarrassée de l'odeur pestilentielle que les lépreux répandaient malgré eux, elle tourna la première page de La Psychologie des Lépreux et lut la dédicace : «Courage ! Rappelez-vous toujours que votre visage a été créé pour regarder vers le ciel.» Ces images avaient défilé dans sa mémoire avec une rapidité déconcertante : le rappel de ces heures d'angoisse ne fit que contribuer à attiser son besoin irraisonné de se cacher, d'échapper à la vie du bord, d'éviter surtout de rencontrer l'ingénieur. (A suivre...)