Résumé de la 41e partie - Pour clore la visite, le guide conduit Chantal chez la mère Catherine, la doyenne des pensionnaires, qui refuse de se laver, de s'asseoir sur une chaise ou de s'allonger... Chantal avait déjà la main sur la poignée de la porte, mais elle, se ravisa : elle ne pouvait pas risquer de rapporter toute cette vermine dans son appartement du boulevard Suchet où elle serait rentrée pour déjeuner. Elle voulait quand même faire un geste pour cette fée de misère : — Qu'est-ce qu'elle aime ? — Rien. Elle reste des journées entières prostrée. Deux ou trois fois, j'ai réussi à lui arracher quelques paroles. Elle n'est pas sotte, la vieille ! En examinant de près les traits de son visage, qui, eux, sont restés relativement intacts, et n'ont pas été touchés par le mal, on s'aperçoit qu'elle dû être diablement jolie... Qui sait ? Catherine a peut-être été une reine de Paris autrefois, une grade courtisane ou la maîtresse de gens colossalement riches ? La vie est si bizarre ! L'interne fut interrompu dans ses considérations sociologiques par l'arrivée d'une infirmière qui lui dit : — M. le médecin-chef vient d'arriver. Il attend Madame dans son cabinet de consultation. Le Dr Ramelot ne ressemblait pas à son assistant. Il était aussi jovial que rond de sa personne. — Je sais, chère Madame, que l'un de mes assistants vient de vous faire visiter notre pavillon. Vous avez vu le côté pratique : ce n'est pas suffisant. Avant d'écrire le moindre article, il est indispensable que vous découvriez le côté moral du traitement de la lèpre. Aussi me permettrai-je de vous remettre ce petit volume, que j'ai publié voici quelques années, et qui s'intitule La psychologie des lépreux. Je me ferai un plaisir de vous griffonner, sur la page de garde, une dédicace.., à Madame ? Le docteur était déjà dans sa position favorite, le stylo à la main. — Docteur, je suis très sensible à cet hommage, lui répondit Chantal. Il n'y a qu'un petit ennui : si j'ai dû me faire passer pour un journaliste vis-à-vis de vos subordonnés, c'est un peu par respect humain et beaucoup parce que je désirais ne me confier qu'à vous. Ce n'est pas d'une interview que j'ai besoin, mais d'une consultation d'où dépendra ma tranquillité future ou mon désespoir. Le Dr Ramelot écarquillait les yeux et paraissait profondément vexé de devoir rentrer sa dédicace. Je vous écoute, Madame, grommela-t-il, bougon. — J'arrive droit au but de ma visite : hier, deux médecins, dont je ne voudrais pas vous révéler les noms, m'ont affirmé que j'avais, contracté la lèpre. J'ai voulu en avoir le cœur net et je suis venue vous demander votre avis. (A suivre...)