C'est ce qu'ont annoncé, les Nations unies. «A Bor, la mission (de l'ONU) a indiqué qu'il n'y avait plus de civils et que la SPLA (armée gouvernementale, ndlr) avançait vers la ville», a déclaré Farhan Haq, porte-parole adjoint de l'ONU. Selon lui, nombre de civils cherchent refuge dans des camps des Nations unies, d'autres tentent de quitter le pays, où un conflit fait rage depuis un mois entre les troupes du président Salva Kiir et celles de l'ancien vice-président Riek Machar. La ville de Bor, capitale de l'Etat du Jonglei, est située à 200 km au nord de la capitale Juba, a changé trois fois de mains depuis le début du conflit et les soldats gouvernementaux entendent la reprendre aux rebelles. Farhan Haq a également indiqué que 22 000 personnes avaient trouvé refuge sur la base de l'ONU à Malakal, dans la province pétrolière du Haut-Nil, ville devenue le théâtre d'une des batailles les plus dures. Environ 10 000 personnes auraient été tuées jusqu'ici dans les combats entre l'armée et la rébellion. Et selon les Nations unies, environ 400 000 civils ont fui leurs domiciles. Au total, 67 000 personnes sont désormais dans des camps des Nations unies à travers le Soudan du Sud. Et, d'après des chiffres communiqués par le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), 86 000 personnes ont trouvé refuge en Ouganda, au Kenya et en Ethiopie. Le HCR prévoit que ce chiffre dépasse les 100 000 fin janvier. De son côté, l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a annoncé avoir cessé ses activités dans sa base de Malakal après qu'elle a été pillée avant-hier, jeudi. «Des hommes armés ont fait irruption sur la base de MSF à Malakal par deux fois hier. Ils se sont livrés à des pillages et ont physiquement menacé notre équipe», a déclaré le responsable de MSF Arjan Hehenkamp. Le recrutement d'enfants-soldats dans le violent conflit du Soudan du Sud ainsi que de multiples atrocités et tueries massives ont été dénoncés par l'ONU hier. «Les informations qui nous parviennent font état de tueries massives, d'exécutions extra-judiciaires, de destructions à grande échelle, de pillages et de recrutement d'enfants-soldats», a déclaré aux journalistes à Juba le secrétaire général-adjoint de l'ONU aux Droits de l'homme, Ivan Simonovic. L'Unicef, l'agence de l'ONU pour l'enfance, a ajouté dans un communiqué disposer également «d'informations crédibles sur la participation d'enfants au conflit», sans donner de précisions, notamment sur le nombre d'enfants. «Nous avons entendu dire que de nombreux enfants-soldats étaient recrutés par ce qu'on appelle l'Armée blanche», une milice de l'ethnie nuer, celle de M.Machar, qui sévit dans l'Etat du Jonglei, dans l'est aux côtés des forces fidèles à l'ancien vice-président, a ajouté M. Somonovic. M. Simonovic a jugé crucial que les coupables de violations des droits de l'homme rendent des comptes. «Dans les prochaines semaines nous révèlerons les rapports préliminaires» d'enquête, a-t-il dit. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait prévenu le mois dernier que les accusations de crimes contre l'humanité feraient l'objet d'enquêtes. Les deux camps ont été mis en cause par l'ONU et des ONG et M. Somonovic a averti que les coupables pourraient être jugés pour crimes de guerre.