Résumé de la 3e partie John Smith, Georges Grindley et sa seconde femme, se retrouvent à la gare d?Euston le samedi à 6 h pour se rendre à Chester. «Connaissez-vous des gens qui s?appellent Walker ?» Le garçon n?en connaît pas. Mais il ne connaît pas le nom de tous les clients. Il va demander à la caissière. Quelques instants plus tard, une dame à la poitrine opulente, d?un certain âge et dont la coiffure date bien de la Guerre de 14, s?approche de leur table : «Vous cherchez des Walker ? ? Oui. ? J?en ai connu un. Il a été tué à la guerre.» La brave caissière est très étonnée devant le silence des trois clients qui la dévisagent. «Vous l?avez bien connu ? demande le grand vieillard maigre aux cheveux blancs. ? Ma foi oui, assez bien. On était fiancé?» Le visage de la dame s?éclaire d?un sourire, et elle ajoute : «Un drôle de coureur ! J?ai appris plus tard qu?il était fiancé avec plusieurs filles? et qu?il était parti avec leur argent. ? Où habitait-il ? ? A Forsbrook Street. ? Forsbrook Street?» répète le vieillard à qui ce nom n?est pas inconnu. Puis il regarde la caissière bien en face et lui demande : «Madame, me reconnaissez-vous ? Mon visage vous dit-il quelque chose ?» La caissière dévisage le vieillard en secouant la tête de gauche à droite. «Non? non? Mais vous n?allez pas me dire? ? Ce n?est pas sûr, madame, mais je suis peut-être ce Walker. Son prénom commençait par un F., n?est-ce pas ? ? Fred, répond la caissière. Il s?appelait Fred.» Le vieillard lui raconte alors ce qu?il sait de son histoire. Pour l?aider, elle cherche dans l?annuaire les Walker qui demeurent dans le quartier. Une demi-heure plus tard, ils sonnent à la porte d?une de ces villas jumelles en briques rouges avec un petit escalier, comme il y en a tant dans les environs de Londres. La maison est coquette, une petite haie bien entretenue l?entoure. La plaque de cuivre, soigneusement astiquée, indique «Joseph Walker». Ce prénom n?éveille rien chez le vieillard. La porte s?ouvre. Un homme en manches de chemise apparaît. Pudding aimerait bien que ce soit son frère. Il est sympathique, il peut avoir une cinquantaine d?années, il est blond avec des yeux clairs. Il regarde le grand vieillard qui se tient devant lui et les Grindley qui s?éloignent discrètement. «Vous désirez ? ? Je vous prie d?excuser ma démarche, monsieur, je suis amnésique.» Joseph Walker accepte de recevoir ce grand vieillard ému qui, après trente ans, recherche sa famille. Mais la visite va être courte. Joseph Walker avait, en effet, un frère, il s?appelait Fred. Il a été porté disparu au mois de septembre 1915, alors qu?il se battait dans la plaine de Loos. Sur les cent hommes de sa section, huit seulement sont revenus. Tous ont certifié que Fred Walker avait été tué. Ils l?ont vu tomber, la tête emportée par un éclat d?obus. Sa mort a été officiellement annoncée à sa famille. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Chester. Jusqu?à la fin de ses jours, la mère de Joseph et de Fred a touché la pension allouée par le gouvernement aux victimes de la guerre. Du reste, le visage de ce vieillard maigre ne rappelle en rien à Joseph le grand jeune homme un peu joufflu dont la mort lui avait, dit-il, causé tant de chagrin. «Non, vraiment, conclut-il. Je suis désolé, rien en vous ne me rappelle mon frère.» (à suivre...)