Résumé de la 19e partie n L'expert graphologue, sollicité par la Cour, admet bien qu'il y a quelques différences entre l'écriture de Beck et celle de Smith, mais il croit que c'est un stratagème. L'inspecteur Waldock a beau insister auprès de F. J. Sims, qui prépare l'acte d'accusation de Beck, de comparer le signalement de John Smith avec celui de Beck, celui-ci refuse. Alors, le policier se résout à le faire lui-même. Il lit attentivement les fiches et il découvre alors ce détail troublant : John Smith a les yeux marrons alors que ceux de Beck sont bleus ! Il va retrouver Sims et lui fait part de sa découverte. — C'est certainement une erreur ! dit Sims — Comment cela une erreur ! s'exclame Waldock. — Eh bien, c'est une erreur des employés qui ont rempli la fiche signalétique de John Smith, ils ont mis «marron» à la place de «bleu». — mais comment pouvez-vous le savoir ? — Tout le monde connaît la négligence des employés des services de police ! Ils écrivent n'importe quoi ! — et s'il n'y a pas d'erreurs et que nous sommes devant deux hommes différents ? Sims se met en colère. — on peut se tromper, mais pas de cette façon ! L'inspecteur a beau insister, le fonctionnaire ne veut rien entendre : et il convainc tout le monde de la justesse de ses opinions : «Inutile de perdre du temps, Beck est coupable !» Le procès de Adolf Beck commence le 3 mai 1896. C'est le procureur Avery, un homme connu pour sa dureté et son manque total de sentiments qui représente le ministère public. Il est petit de taille, très maigre et pâle et la presse britannique l'a surnommé «le pourvoyeur de potences» pour les nombreuses peines de mort qu'il a prononcées. La cour est présidée par le juge Forest Fulton, celui-là même qui a condamné John Smith dix-neuf ans plus tôt. Mais Forest ne semble guère se souvenir de Smith. La défense de Beck est assurée par un brillant avocat, C. F. Gill. Il a averti son client que l'essentiel de son intervention portera sur le témoignage de l'expert graphologue, Gurrin : celui-ci ayant soutenu que les écrits datant de 1877, attribués à Smith, et ceux de de 1894-96, venant de Beck étaient l'œuvre d'une seule et même personne. Or Gill a pu obtenir des témoignages écrits d'hommes et de femmes, affirmant qu'en 1877 Beck se trouvait en Amérique du Sud. — Or, explique l'avocat, si Beck se trouvait en Amérique, il n'a pu écrire les documents de 1877, il ne peut avoir écrit ceux de 1894-96… Il s'arrête, puis reprend. — la conclusion s'impose : mon client ne peut donc être tenu pour l'auteur des escroqueries. Et de conclure : — Je demande tout simplement la relaxation de mon client, l'escroc doit être recherché ailleurs ! La démonstration est brillante, mais elle va être contredite par le procureur. (à suivre...)