Résumé de la 13e partie n Belle-Heureuse et Bel-Heureux trouvèrent un moyen astucieux pour correspondre à l?insu de tous et avec la complicité du savant perse. Lorsque la vieille dame fut arrivée à la boutique, elle remit les mille dinars au médecin de la part du khalife, et la boîte à Bel-Heureux qui l'ouvrit et en lut le contenu. Mais alors, son émotion fut telle qu'il éclata en sanglots et tomba évanoui car Belle-Heureuse, dans un billet, lui racontait sommairement toute son aventure et son enlèvement par ordre du gouverneur et son envoi en cadeau au khalife Abd El-Malek, à Damas. A cette vue, la bonne vieille demanda au médecin : «Mais pourquoi donc ton fils a-t-il été pris d'évanouissement après avoir tout à coup fondu en larmes ?» Il répondit : «Comment veux-tu, ô vénérable, qu'il en soit autrement, puisque l'esclave Belle-Heureuse que j'ai guérie est la propriété même de celui que tu crois être mon fils et qui n'est autre que le fils de l'illustre marchand Printemps de Koufa ? Et notre venue à Damas n'a eu d'autre but que la recherche de la jeune Belle-Heureuse qui avait, un jour, disparu, enlevée par une maudite vieille aux yeux de trahison ! Aussi, ô notre mère, nous plaçons désormais en ta bienveillance notre espoir le plus cher, et nous ne doutons pas de te voir nous aider à recouvrer le plus sacré des biens !» Puis il ajouta : «Et pour gages de notre reconnaissance, voici, pour commencer, les mille dinars du khalife. Ils sont à toi ! Et l'avenir te démontrera, en outre, que la gratitude pour tes bienfaits a, dans notre c?ur, une place de choix...» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Mais lorsque fut la deux cent quarante-cinquième nuit, elle dit : «... La gratitude pour tes bienfaits a, dans notre c?ur, une place de choix !» Alors la bonne dame se hâta d'abord d'aider le médecin à faire reprendre connaissance à Bel-Heureux évanoui, et lui dit : «Vous pouvez compter sur la ferveur de ma bonne volonté et de mon dévouement.» Et elle les quitta pour se rendre aussitôt auprès de Belle-Heureuse, qu'elle trouva le visage rayonnant de joie et de santé. Elle s'approcha d'elle en souriant et lui dit : «Ma fille, pourquoi n'as-tu pas eu, dès le début, confiance en ta mère ? Mais aussi, que tu as eu raison de pleurer toutes les larmes de ton âme d'être séparée de ton maître, le joli et doux Bel-Heureux, fils de Printemps de Koufa !» Et comme elle voyait la surprise de l'adolescente, elle se hâta d'ajouter : «Tu peux, ma fille, compter sur mon entière discrétion et mon maternel vouloir à ton égard. Je te jure de te réunir à ton bien-aimé, dussé-je y risquer ma vie ! Tranquillise donc ton âme et laisse la vieille agir dans ton bien, selon son savoir !» Elle quitta alors Belle-Heureuse, qui lui baisait les mains en pleurant de joie, et alla faire un paquet dans lequel elle mit des habits de femme, des bijoux et tous les accessoires nécessaires à un déguisement complet, et retourna à la boutique du médecin où elle fit signe à Bel-Heureux de venir avec elle à l'écart. Alors, Bel-Heureux la mena au fond de la boutique, derrière le rideau et apprit d'elle ses projets, qu'il trouva parfaitement combinés, et se laissa guider d'après le plan qu'elle lui soumit. La bonne dame habilla donc Bel-Heureux des habits de femme qu'elle avait apportés et lui allongea les yeux de khôl et agrandit de noir le grain de beauté de sa joue ; puis elle lui passa des bracelets aux poignets et piqua des bijoux dans ses cheveux recouverts d'un voile de MossouI ; et, cela fait, elle jeta un dernier coup d'?il sur sa toilette, et trouva qu'il était ravissant ainsi et de beaucoup plus beau que toutes les femmes réunies du palais du khalife. Elle lui dit alors : «Béni soit Allah dans ses ?uvres ! Maintenant, mon fils, il te faut prendre la démarche des jeunes filles encore vierges, n'avancer qu'à tout petits pas en mouvant ta hanche droite et reculant ta hanche gauche, tout en donnant de légères secousses à ta croupe, savamment. Essaie d'abord un peu ces man?uvres, avant de sortir !» (à suivre...)