Défaillance ■ L'extension des villes, en Algérie, par rapport au tissu colonial n'est pas harmonieuse. Ce qui implique que la réalité ne reflète pas les études approuvées. En d'autres termes, il s'agit du non-respect des cahiers des charges. Pourquoi ? Parce les opérations d'exécution et de suivi sont issues de la même tutelle, contrairement à ce qui se fait dans d'autres pays, à l'instar de ceux du Golfe. Cette défaillance du suivi des travaux par les collectivités locales a fini par produire des cités hideuses. Avant leur construction, sur le dessin conçu dans les plans d'aménagement et d'urbanisme, on présente le tout avec des commodités : un centre commercial au centre de la cité, des écoles, des espaces verts, etc. Mais une fois la réalisation achevée, on relève qu'il y a incompatibilité entre le dessin et l'exécution. Donc, en dehors des noyaux coloniaux structurés, nos nouvelles cités ne sont qu'un désordre urbain. Théoriquement, lieu de vie privilégié pour ses habitants, la ville est le principal espace de rencontres et d'échanges après la famille. Dans cet espace, chacun s'investit à sa manière, pour animer une vie collective. Géographiquement, une ville est un site dans l'espace. Elle est sous forme de quartiers. Pour que ces derniers ne soient pas isolés, l'aménagement de l'espace, l'urbanisation jouent un rôle essentiel. Politiquement, une ville doit être capable de rassembler les hommes pour produire de la convivialité, de la sociabilité et de la tolérance, estiment des spécialistes de la sociologie urbaine. Chez nous, les cités n'offrent aucun confort. Bien au contraire, elles nous donnent l'envie de les fuir. Des avaloirs dépourvus de siphons se dégagent des odeurs nauséabondes. De la boue à la chute des pluies, de la poussière au rayonnement du soleil. D'éternels chantiers ouverts : aujourd'hui, on raccorde l'eau, demain on raccorde les canaux des eaux usées et le gaz ou le téléphone. A cause de ces chantiers, on démolit le carrelage, on éventre la chaussée. Et on s'en va, oubliant de repasser pour la réfection. Pendant qu'on parle d'un développement durable, le tout se dégrade, juste après sa réalisation. Qu'importe l'appellation ! Cités dortoirs ou cités réfectoires ! Le constat est le même. Esthétiquement, nos cités n'ont aucune harmonie. Des dalles, des briques rouges. Des murs bariolés. Des fils électriques au-dessus de nos têtes. Des bâtiments de cinq à six étages au milieu de lotissements de deux à trois étages. En gros, c'est «une malformation architecturale». Des citernes d'eau et des pneus sont accrochés sur nos terrasses ! Des décors des plus burlesques. S'ajoute à tout cela le manque d'équipements et de services. Par manque de transport urbain, nos enfants se fatiguent avant même d'arriver à l'école. Faute d'une pharmacie, on parcourt des kilomètres pour un médicament. Et la liste est longue. Des villes entières sont dépourvues de jardins et d'espaces verts. Les enfants jouent dans la saleté. Les vides sanitaires de quelques bâtiments sont parfois inondés d'eaux usées, voire d'eaux de vannes. D'où les nuisances : présence de rongeurs, moustiques... Et parce que le parc automobile a augmenté, le stationnement devient impossible. Les décideurs doivent répondre immédiatement aux besoins urgents des populations à travers la mise en place d'infrastructures sportives de proximité, d'infrastructures culturelles et autres équipements pour assurer le confort aux usagers.