Décision ■ Brahimi a démissionné, hier, après moins de deux ans d'efforts infructueux pour mettre un terme à un conflit. La démission de ce diplomate chevronné était attendue depuis qu'il avait affirmé que l'élection présidentielle du 3 juin en Syrie, et la réélection attendue de Bachar al-Assad, sonneraient le glas de ses efforts. «C'est avec un profond regret que (...) j'ai décidé d'accepter la demande de M. Brahimi de quitter ses fonctions le 31 mai 2014», a annoncé hier le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, rendant hommage à «la patience et la persévérance» de ce diplomate algérien. Rappelant les efforts de M. Brahimi pour organiser en janvier et février à Genève les premiers pourparlers directs entre pouvoir et opposition, aujourd'hui dans l'impasse, M. Ban a «déploré que les parties, et en particulier le gouvernement, se soient montrés si réticents à saisir cette chance». Mais il a aussi fustigé la désunion du Conseil de sécurité, où la Russie a bloqué toute initiative occidentale afin de protéger Damas, et «les pays qui ont une influence sur la situation en Syrie». «C'est notre échec à tous», a-t-il conclu. M. Brahimi s'est pour sa part dit «très triste de quitter son poste, et la Syrie, dans une si mauvaise situation». Le départ du diplomate algérien laisse l'ONU sans médiateur. Et apparemment sans stratégie de rechange. Pressé de questions, M. Ban a reconnu qu'il lui faudrait «du temps pour trouver la personne qui convient». Des diplomates à l'ONU évoquent pour succéder à M. Brahimi les noms de Kamel Morjane, ancien ministre tunisien des Affaires étrangères et de Kevin Rudd, ancien Premier ministre australien.«Il nous faudra aussi réfléchir très sérieusement à une ligne de conduite», a-t-il ajouté. Après avoir annoncé sa démission, M. Brahimi a tenu ensuite des consultations à huis clos avec les 15 pays membres du Conseil de sécurité sur les moyens de relancer les efforts de paix en Syrie. A sa sortie, il a appelé à «ne pas baisser les bras», jugeant la situation en Syrie «très difficile mais pas désespérée». Il a souligné que «le communiqué de Genève restait au centre» des efforts de paix. Ce texte prévoit une transition politique mais les deux camps n'ont pas réussi à s'accorder sur les moyens de l'appliquer. Dans la capitale américaine, la démission de M. Brahimi a été accueillie avec flegme. «Nous lui sommes très reconnaissants (...), nous attendons la nomination de son successeur et nous travaillerons avec lui», a déclaré un responsable américain sous couvert d'anonymat. Le représentant à l'ONU de la Coalition nationale syrienne, Najib Ghadbian, a souligné qu'il «partageait la frustration» de M. Brahimi, déplorant le manque de «pression internationale concertée».