Pour la première fois, les Etats ont mobilisé à Genève leurs experts en armement pour réfléchir dans le cadre de l'ONU sur les robots tueurs autonomes, des armes du futur dont la menace inquiète les défenseurs du droit humanitaire. Les images d'armées de robots échappant à tout contrôle pour tout dévaster sur leur passage sont encore du domaine d'Hollywood, mais les politiques semblent prendre très au sérieux ces révolutions technologiques au point de commencer à réfléchir aux risques de dérapages. Pour le moment, ces armes totalement autonomes n'existent pas, mais pour les activistes les plus radicaux, comme Steve Goose d'Human Rights Watch, «la seule réponse est une interdiction totale préventive». Déjà aujourd'hui les attaques menées avec des drones par les Etats-Unis contre des «objectifs terroristes», déclenchées à distance par des opérateurs humains, suscitent de nombreuses critiques, notamment pour les dommages infligés à des civils. «Une arme autonome serait-elle capable de faire la différence entre un civil et un combattant ? Serait-elle capable d'annuler une attaque qui aurait des effets indirects disproportionnés sur des civils ? Tout cela représente un défi de programmation colossal qui pourrait bien se révéler impossible à réaliser», a-t-on mis en garde. «Si nous ne lançons pas une discussion morale et éthique à ce sujet, nous ne contrôlerons pas ces armements», a mis en garde Jody Williams, la prix Nobel de la paix de 1997 pour son action contre les mines.