Statistiques ■ 35% des personnes atteintes de diabète pensent qu'il ne faut pas jeûner. Pourtant, 42% des diabétiques de type 1 et 78% de type 2 jeûnent. Au cours d'une conférence-débat, tenue hier à Alger, le professeur Ouadahi Nacer, chef du service de médecine interne de l'hôpital de Bab El-Oued, a affirmé que 34% des personnes diabétiques qui jeûnent, avouent cependant trouver des difficultés selon une étude américaine, qui a touché un échantillon de 13 000 patients algériens. Ainsi donc, les diabétiques jeûnent et ce, même contre l'avis de leur médecin. Et puisque le médecin ne peut pas obliger son patient à ne pas jeûner, il doit jouer un jeu de persuasion et négocier pour un véritable plan de traitement, selon le professeur. Il s'agit surtout de savoir comment encadrer le jeûne chez le diabétique pour éviter certaines complications. Celles-ci ne manquent pas. Le diabétique se met, en effet, en danger, affirme-t-il, en raison de la chute de la glycémie. Cependant, explique-t-il, les malades ne sont pas tous exposés au même niveau de risque. L'Association américaine de diabétologie a classé les risques de jeûne chez le diabétique, explique le professeur. Les diabétiques de type 1, les personnes âgées, les femmes enceintes et allaitantes, les patients ayant des complications et des hypoglycémies répétées sont des patients classés à très haut risque. Les malades ayant un risque modéré sont ceux qui sont sous comprimés et sous régime. C'est au médecin de se prononcer sur le niveau de catégorie. C'est pourquoi, insistent les spécialistes, le patient doit consulter son médecin deux à trois mois avant le début du mois de ramadan. Quant aux risques de complication, expliquent les professionnels, il s'agit surtout de l'hyperglycémie, l'hypoglycémie et la déshydratation. La cause de survenue de l'hypoglycémie est principalement la diminution d'ingestion des aliments. Le jeûne augmente ainsi le risque d'hypoglycémie sévère de 4,7 fois chez les patients diabétiques de type 1 et de 7,5 fois chez les patients de type 2. Quant à l'incidence des hyperglycémies, elle augmente de 5 fois chez les patients de type 2 et de 3 fois chez les patients de type 1. L'acidocétose diabétique est également l'une des complications aiguës et graves dues à un déséquilibre glycémique majeur survenant principalement chez le diabétique de type 1 et présent chez les patients de type 2 lorsqu'il y a absence de production d'insuline. La déshydratation, expliquent les spécialistes, lorsqu'elle est surtout associée à l'hyperglycémie, engendre plusieurs risques en particulier le risque de thrombose. De son côté Fayçal Ouadah, président de l'association des diabétiques Adwa, a affirmé que 10% de la population est atteinte de diabète alors que chaque année on enregistre 15 000 nouveaux cas. Il a ajouté que son association a entamé la campagne depuis le début de ce mois et que les résultats du dépistage sur les lieux publics ont été choquants. «Dans chaque place publique nous avons trouvé des personnes atteintes de diabète, c'est très grave», a-t-il souligné.