Les violentes insultes lancées des tribunes contre la présidente, Dilma Rousseff, jeudi soir à l'ouverture du Mondial, ont eu un écho retentissant au Brésil, où les experts craignent une radicalisation du débat politique à quatre mois de la présidentielle. Les spectateurs ont crié en chœur des insultes à l'adresse de la présidente Rousseff : «Dilma, va te faire ...». «Je ne vais pas me laisser intimider par des insultes qui ne devraient pas être entendues par les enfants et les familles», a répondu la présidente, le lendemain. Jeudi soir, elle avait pourtant pris soin d'entrer discrètement dans le stade pour s'installer aux côtés du décrié président de la Fifa, Blatter. Et le duo s'est prudemment abstenu de discours. Rousseff, accompagnée par 12 chefs d'Etat dans les tribunes d'honneur, brigue la réélection en octobre mais pâtit d'une popularité en berne depuis la révélation des dépenses somptueuses consacrées à ce Mondial, 11 milliards de dollars de fonds publics. Son principal adversaire, Aecio Neves, a estimé qu'elle «avait récolté ce qu'elle a semé au cours des dernières années pour avoir gouverné avec une énorme arrogance et le dos tourné à la société». Diego Costa insulté par le public Le nom de Diego Costa, l'attaquant de l'équipe d'Espagne d'origine brésilienne, a été copieusement sifflé par le public de l'Arena Fonte Niva de Salvador avant le match des champions du monde contre les Pays-Bas. Lors de l'annonce des joueurs par le speaker, à vingt minutes du coup d'envoi, les noms des titulaires espagnols ont été particulièrement acclamés, notamment ceux d'Iniesta et Xavi, comme ceux des attaquants néerlandais Van Persie et Robben, mais celui de Diego Costa a recueilli une bordée de sifflets et huées. Diego Costa (25 ans) est né dans l'Etat du Sergipe, petit Etat brésilien voisin de celui de Bahia dont Salvador est la capitale. Arbitrage Premiers matchs, premières polémiques La sortie de route de l'Espagne contraste avec l'entrée réussie du Mexique face au Cameroun (1-0), malgré deux buts refusés mystérieusement à l'attaquant Dos Santos. Ces deux erreurs d'arbitrage nourrissent le débat qui a surgi après l'erreur du Japonais Nishimura, accordant un penalty «imaginaire» au Brésil face à la Croatie. «L'injustice!», «la honte!», «On a été cassé par l'arbitre de manière honteuse», lisait-on à la une des quotidiens croates. La presse brésilienne préférait, quant à elle ironiser, sur l'incident: «La Coupe est à nous, Neymar est à nous, Oscar est à nous, le but croate est à nous, et l'arbitre aussi», s'amusait le quotidien sportif Lance! Le Suisse Massimo Busacca, patron des arbitres au sein de la Fifa, a pris la défense de Nishimura, dont la performance a été suivie par plus d'un milliard de téléspectateurs alors que le réseau social Twitter a fait état de plus de 12,2 millions de tweets lors de sa retransmission. «Il était bien placé. Et depuis sa position, il a jugé les gestes», a souligné Busacca, assurant porter un jugement «technique». L'équipement La nostalgie des faux maillots «Made in China» Plusieurs clients, au Brésil, sont en quête de faux maillots du Mondial, mais la plupart repartent déçus de ne pas avoir pu acheter des répliques bon marché «Made in China». «La police ne nous laisse pas gagner notre vie. Nous risquons la prison ou des amendes juste en essayant de faire des affaires», se plaint une vendeuse. Au lieu de proposer le maillot officiel floqué du numéro 10 de la star locale Neymar à 120 euros, on vendait dans ces magasins des répliques quasi identiques confectionnées en Chine pour 25 euros. Cependant, l'arrivée de la Fifa au Brésil a étouffé ce petit commerce, elle qui a exercé une forte pression sur les autorités pour qu'elles lancent une campagne drastique contre la contrefaçon. Le Brésil a ainsi voté une Loi générale du Mondial, établissant notamment de sévères peines de prison et amendes pour les atteintes aux règlements des licences officielles. Pourtant, le maillot du Brésil fabriqué par Nike n'est pas lié à la licence Fifa, associée à son grand concurrent Adidas. Mais les coups de filet anti-contrefaçon n'ont pas fait de distinction. Ceux qui se plient au règlement avouent qu'ils peinent à s'en sortir. «Les gens n'ont pas d'argent. Les temps sont durs», affirme cette femme de 55 ans. La billetterie De faux billets en circulation De faux billets, presque impossibles à détecter, circulent actuellement au Brésil, a révélé la Fifa, vendredi. «Environ cinquante personnes qui s'étaient présentées au match d'ouverture Brésil-Croatie, ont été refoulées, car munies de faux billets». Ces billets, parfaitement imités, ne différaient des vrais que par l'absence de la puce électronique qui doit être scannée à l'entrée du stade. «Nous avons eu des cas de parents avec leurs enfants qui se sont présentés aux tourniquets et ont dû repartir en découvrant que leurs tickets étaient faux. Ils ont souvent dit avoir acheté leurs tickets à des amis d'amis, mais la seule façon d'avoir des billets qui garantissent l'accès au stade est de les acquérir directement auprès de la Fifa», dit-on du côté de la FIFA. Pays-Bas Van Persie se moque de la Roja Auteur d'un doublé, Robin van Persie a savouré le très large succès des Pays-Bas face à l'Espagne (5-1). «C'était un match fou. On a marqué notre premier but au moment parfait. Après, il fallait continuer, c'est ce qu'on s'est dit à la mi-temps. Quand on a marqué le but du 2-1, c'était encore un meilleur moment, on ne s'est pas arrêtés. On aurait pu leur en mettre cinq... Ah oui, on leur en a mis cinq, mais on aurait pu en mettre six, sept, huit ! Bravo au staff et au groupe pour tout le travail effectué depuis quelques semaines. Quand on voit comment les choses ont abouti aujourd'hui, on peut être très contents». Espagne Casillas, l'alerte rouge Son visage hagard, rincé par la pluie, a symbolisé la débâcle espagnole : Casillas a encaissé cinq buts pour la première fois de sa carrière avec la Roja, alors qu'il était l'un des héros de la finale du Mondial-2010. Quatre ans plus tard, le portier de 33 ans a vu son avenir se brouiller au Real Madrid comme en sélection, où le match d'hier soir, accrédite l'idée qu'il ne présente plus les mêmes garanties qu'autrefois. Et même si sa défense s'est délitée au fil du match, il n'est personnellement pas exempt de tout reproche: sortie à contre-temps, intervention aérienne hasardeuse et relance au pied ratée. «Je dois demander pardon», dit-il. Cette déroute est la pire qu'ait connue Casillas sous le maillot de la Roja. Elle vient alourdir une année en clair-obscur pour le portier, relégué sur le banc des remplaçants par Ancelotti au Real. Problème pour l'Espagne, Del Bosque n'a pas vraiment d'alternative en l'absence de Valdes, blessé, Ecarter «San Iker» ou le confirmer dans ses fonctions en espérant le sursaut du champion ? Telle est le dilemme de Del Bosque. Cameroun Eto'o essaie de rester positif Samuel Eto'o, le capitaine camerounais, s'est expliqué après la défaite face au Mexique (1-0). Il reste positif : «Evidemment, nous sommes un peu déçus, car nous aurions espéré rentrer dans la compétition avec un score positif. Dieu l'a voulu autrement. Maintenant, il faut penser au match contre la Croatie. Comme cette équipe, nous avons besoin d'un bon résultat pour garder toutes nos chances. Il est important pour nous de rester positifs et de se dire que nous avons les capacités de gagner contre n'importe quelle équipe, mais il faut d'abord gagner contre la Croatie. Ça ne sera pas facile, car eux aussi doivent gagner. On le sait, maintenant, il faut se préparer». Italie Plus de peur que de mal pour Buffon Le gardien emblématique de l'Italie Gianluigi Buffon s'est blessé, hier vendredi, à la cheville à la veille du premier match contre l'Angleterre et a dû écourter la séance, a indiqué sans inquiétude le sélectionneur, Prandelli. «Sa cheville a tourné, mais très légèrement et ce n'est rien de sérieux», a confirmé le sélectionneur à l'issue d'une séance qui est finie à huis-clos. Le portier de 36 ans de la Juventus aux 140 sélections depuis 1997 devrait donc raisonnablement être en mesure de tenir sa place samedi à Manaus. Le programme d'aujourd'hui Groupe C À 17h : Colombie - Grèce Groupe D À 20h : Uruguay - Costa Rica À 23h: Angleterre - Italie