Résumé de la 23e partie ■ Le meunier et sa femme se réjouissaient des bontés de Mme la baronne avec d'autant plus de plaisir qu'on entendait le vent mugir au dehors. Les petits esprits ne trouvaient pas le moindre trou pour s'introduire dans la ferme. Tu es logé comme un marquis. Donne-moi une bergère, que je me repose sur tes coussins, monsieur le meunier.» M. le Vent éclata de rire avec tant de force que les vitres en tremblèrent et que le petit Pierrot s'éveilla en sursaut. «Corbleu ! reprit M. le Vent, on est fort agréablement dans cette bergère. Tu es un brave homme, Jean-Pierre. Je te pardonne tes fautes et te remercie de ton bon accueil ; mais puisque te voilà riche, je ne te donnerai rien. Adieu, ami.» Au moment où M. le Vent s'apprêtait à s'envoler, Pierrot, qui s'était glissé en bas du lit, ferma tout à coup les quatre portes de la chambre et du vestibule. Aussitôt, on vit M. le Vent chanceler sur ses pieds et retomber dans sa bergère. Ses grosses joues se dégonflèrent en formant mille rides. Sa large poitrine se rétrécit ; son corps s'affaissa peu à peu et ses ailes devinrent plus petites que celles d'un moineau franc. Il voulut crier ; mais son gosier ne rendit qu'un son faible et voilé comme s'il avait une extinction de voix. «Mes amis, dit-il, ne me retenez pas. Ce serait un tour abominable. Donnez-moi de l'air. J'étouffe ; ouvrez la fenêtre par pitié ! Vous ne voulez pas me faire mourir ?» «Le Vent ne meurt pas, dit Pierrot. Nous vous garderons seulement prisonnier et, pour sortir, il faudra capituler avec nous.» «Bonnes gens, reprit M. le Vent, que voulez-vous donc de moi ?» «Il me faut beaucoup d'argent, dit Jean-Pierre.» «Nous voulons, dit Claudine, une indemnité pour les coups de bâton que nous a donnés le géant enfermé dans le petit tonneau d'or.» « Moi, dit Pierrot, je veux être créé chevalier ou baron !» «Malheureux imprudent, fou que je suis ! murmura M. le Vent, d'être venu dans cette maison. Mes amis, je vous donnerai de l'argent et des petits tonneaux magiques ; mais il n'y a que le roi qui fasse des chevaliers et des barons. Laissez-moi partir.» «Vous ne sortirez point, s'écria Claudine ; Pierrot a raison. Vous devez capituler avec nous.» M. le Vent tenta un effort désespéré pour tâcher de s'enfuir ; mais Jean-Pierre, Claudine et Pierrot se mirent à souffler tous les trois sur lui, et il se trouva si faible qu'il ne put leur opposer aucune résistance. On le fit voler d'un bout à l'autre de la chambre comme une plume, tant il était devenu menu et léger. On le poussa ainsi dans un cabinet bien clos, à deux portes et sans fenêtres, et on l'y enferma à double tour. A peine Jean-Pierre eut-il retiré la clef du cabinet, et bouché le trou de la serrure avec du mastic, que le bruit du dehors cessa. (A suivre...)