Scandalisé par le montant actuel des pensions alimentaires, qui, a-t-il dit, ne dépasse pas 200 DA à Ghardaïa, le ministre de la Justice est décidé à remédier à cette situation. Pour lui, ce montant doit être fixé à 10 000 DA minimum et devra même atteindre 30 000 DA pour l?époux aux rentrées d?argent importantes. Dorénavant, ceux qui ont tendance à faire du divorce une solution facile, laissant leur épouse se débrouiller, seule, avec des enfants à charge, devront réfléchir à deux fois avant de prendre la décision extrême. Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, garde des Sceaux, a brisé un tabou en parlant, hier, lors du colloque régional des magistrats et auxiliaires de justice des cours du Centre à Alger, de la nécessité absolue de réviser la pension alimentaire, fixée actuellement par la loi à 3 000 DA. «La pension doit être fixée à partir de 10 000 DA, et pour les commerçants ainsi que pour les personnes aisées, celle-ci devra être fixée à 30 000 DA», a-t-il lancé en guise de recommandation devant un parterre de magistrats au niveau de la chambre du statut personnel. «J?ai ouï-dire qu?à Ghardaïa, la pension alimentaire est fixée à 200 DA, c?est scandaleux ! Il faut absolument l?augmenter», ajoutera-t-il. Mieux encore, le garde de Sceaux met aussi l?accent sur l?obligation de mettre le logement à la disposition des enfants, donc de l?épouse si celle-ci en a la garde. «Le père doit prendre en charge les enfants, leur payer le loyer et quitter le domicile qui doit leur revenir de plein droit. Car personne n?a le droit de faire des enfants et de les abandonner par la suite», s?insurgeait le garde des Sceaux soucieux, apparemment, d?étendre les limites de son grand chantier de la réforme de la justice jusqu?au seuil des foyers conjugaux. Des foyers desquels jaillissent de graves problèmes une fois le divorce consommé avec comme premières victimes l?épouse et ses enfants, le plus souvent exposés à tous les dérapages, sans la moindre protection et sans la moindre ressource. La pension alimentaire, fixée «honteusement» à 3 000 DA, si elle n?est pas carrément ignorée par l?époux alors que celui-ci est tenu de subvenir à l'entretien de son enfant (article 75 du Code de la famille), demeure pour le moins insuffisante pour la femme divorcée.